Échange de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine
30 décembre 2019A la télévision ukrainienne, l'image est saisissante : un jeune homme qui vient de quitter la prison où il était enfermé, dans la région contrôlée par les séparatistes ukrainiens, est au téléphone avec sa mère. Celle-ci a du mal à retenir son émotion.
"Maman, ne pleure pas", lui dit-il. "Et n'oublie pas de prendre tes médicaments pour ta tension."
Non loin de lui se trouve un autre homme, qui fume et qui a les yeux plein de larmes. Tous deux font partie des prisonniers ukrainiens qui vont pouvoir rentrer dans leur foyer, après des négociations entre la Russie et l'Ukraine, comme l'a expliqué Serhiy Sivokho, l'assistant du secrétaire du Conseil de sécurité et de défense nationale de l'Ukraine :
"Nous avons rendu 127 prisonniers à la Russie et récupéré 76 personnes. Nous nous étions mis d'accord sur 80 personnes au départ, mais quatre d'entre elles sont restées là-bas pour leurs familles. Mais elles ont également été libérées."
Le véritable résultat du sommet de Paris
Cet échange a été le fruit de longues négociations. Et rien n'indiquait qu'un échange aurait lieu avant la fin de l'année 2019. Le soulagement est donc encore plus grand, d'autant que pour certains, cette situation devenait insoutenable, comme pour cet homme, par exemple :
"J'ai passé cinq ans en prison dans cinq mètres carrés. Vous imaginez ? Je tiens particulièrement à remercier Volodymyr Zelensky pour ma libération !"
Car si cet échange a pu avoir lieu, c'est bien grâce au président ukrainien. Lors du sommet sur l'Ukraine qui s'est déroulé à Paris le 9 décembre, Volodymyr Zelensky a abordé ce sujet en compagnie de Vladimir Poutine, son homologue russe.
Pour Wadym Prystajko, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, c'est là le véritable succès de ce sommet. Par ailleurs, dès l'échange de prisonniers russes et ukrainiens, Vladimir Poutine et la chancelière allemande se sont téléphonés, et ont déclaré qu'il s'agissait d'un événement "positif".
La critique reste vive en Ukraine
Cinq des 127 prisonniers rendus à la Russie étaient sous le coup d'un procès; il s'agit de cinq anciens membres de la Berkout, la police antiémeute qui s'était rendue coupable de tirs sur Maïdan, à Kiev, en 2014. Maintenant qu'ils ont été relâchés, les chances de condamnation sont minces. En outre, il reste quelque 250 prisonniers ukrainiens dans l'autoproclamée République populaire de Donetsk. Il reste donc encore du chemin à parcourir.