Paris, 17 octobre 1961, en pleine guerre d'Algérie. Dans la soirée, des milliers d'Algériens bravent le couvre-feu qui leur est imposé pour manifester dans les rues de la capitale française, à l'appel du FLN, le Front de Libération Nationale algérien. Affrontements, coups de feu, interpellations en masse : la manifestation qui se voulait pacifique est sévèrement réprimée par la police. Jusqu'à aujourd'hui, le nombre de morts reste inconnu, les estimations varient entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines. Le titre du documentaire « Ici on noie les Algériens », est inspiré d'un graffiti de l'époque, sur un pont de la Seine, à Paris. De nombreux corps ont effet été retrouvés dans le fleuve les jours suivant la manifestation.
La réalisatrice Yasmina Adi, née en France, de parents algériens, est récemment venue présenter son travail en Allemagne, dans le cadre du festival de cinéma africain de Cologne « Au-delà de l'Europe ». Elle a eu l'idée de se pencher sur ce sujet juste après la sortie de son premier documentaire, consacré à la répression de Sétif et intitulé « L'autre 8 mai 1945 - aux origines de la guerre d'Algérie ».
Dans son film, Yasmina Adi présente de nombreux documents d'archives (photos, articles de journaux, extraits d'émission de radio et de télévision) et les témoignages de Français et d'Algériens, qui racontent chacun à leur manière, comment ils ont vécu ces événements.