21 ans après le génocide
10 avril 2015Des documents qui portent sur les années 1990-1995. A travers cette mesure, Paris veut infirmer les reproches d'une co- responsabilité dans le génocide, relève la Neue Zürcher Zeitung. Cette ouverture d'archives doit démentir les soupçons selon lesquels le gouvernement français de l'époque et le président François Mitterrand, auraient une part de responsabilité parce qu'ils auraient soutenu le régime hutu sur le plan politique et militaire. L'homme fort du Rwanda, Paul Kagame, a à plusieurs reprises accusé la France de complicité. Les relations diplomatiques entre Kigali et Paris sont toujours très tendues, rappelle le journal suisse.
Les reproches faits à la France concernent surtout la question de savoir jusqu'à quelle date des armes ont été livrées au Rwanda et quel rôle a joué l'opération dite "humanitaire" lancée par Paris. Au cours de l'"Opération Turquoise" - son nom de code - de nombreux responsables du génocide ont été mis en sécurité, selon Paul Kagame.
La décision d'ouvrir les archives a été prise il y a un an déjà par le président français François Hollande. Le contenu des quelques 80 dossiers et protocoles est donc connu de l'Elysée. Il ne faut pas s'attendre à y découvrir des choses compromettantes, estime l'éditorialiste.
Le journal note également que, malgré le peu de portée des dossiers dévoilés, l'organisation SOS Racisme a salué un geste qui, du point de vue des victimes, arrive fort tardivement. Les familles des victimes attendent toujours de la France qu'elle avoue et regrette au moins son inactivité, sa passivité lors du génocide. Et, s'interroge la Neue Zürchner, on peut se demander aussi quand et dans quelle mesure les archives sur le Rwanda du quai d'Orsay, alias le ministère français des Affaires étrangères, les dossiers classés "secret-défense" du Ministère de la Défense et ceux des services secrets seront eux aussi accessibles.
Autre thème: le Kenya ferme les instituts de transfert d'argent Hawala.
Une décision en réaction au massacre de Garissa, la semaine dernière. Massacre lors duquel 148 étudiants chrétiens ont été abattus par la milice islamiste somalienne Al Shebaab.
Selon le ministère kényan de l'Intérieur à Nairobi, ces instituts sont soupçonnés de blanchiment d'argent pour les milices Al Shebaab, relève le quotidien de Francfort, la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Par ailleurs, les avoirs bancaires d'une centaine de personnes et d'ONG somaliennes au Kenya ont également été gelés.
La fermeture des instituts de transfert d'argent sont un coup dur pour la population en Somalie, le pays ne disposant pas d'un système bancaire qui fonctionne. Ces agences de transfert Hawala sont le seul moyen de faire des transactions, de payer de l'argent comptant au Kenya qui sera versé au destinataire en Somalie contre une petite taxe. Pour de nombreuses familles en Somalie, ces transferts depuis l'étranger sont la seule source de revenus. Et toute la vie économique en Somalie se fait par Hawala, souligne la FAZ. Les sommes en jeu sont importantes : les Nations unies estiment qu'au moins 1,6 milliard de dollars sont ainsi transféré chaque année vers la Somalie!
La communauté d'origine somalienne au Kenya a qualifié la fermeture des instituts de transfert d‘argent „d'actionnisme“ qui doit détourner l'attention de l'échec des forces de sécurité lors du massacre de Garissa. "Les unités anti terroristes stationnées à Nairobi étaient parties avec 7 heures de retard vers Garissa !" relève le journal qui cite l'influent quotidien kenyan "Daily Nation". Ce dernier reproche au gouvernement du président Uhuru Kenyatta "Incompétence, désintérêt et une incroyable arrogance".