27 ans après Tchernobyl, la polémique dure
26 avril 2013Alors que le sarcophage qui englobe le réacteur accidenté en 1986 est en cours de rénovation, les habitants de la zone contaminée par la catastrophe de Tchernobyl sont exposés à des radiations de 5 à 200 millisieverts, soit 2 à 200 fois plus que les autres Européens, en moyenne.
Certains experts internationaux estiment que sous un certain seuil, atteint dans une partie de la zone, la radioactivité ne présente plus de danger pour les humains. L’Agence internationale de l’Energie atomique et l’Organisation mondiale de la santé reconnaissent officiellement 54 morts, 400 irradiés et 4 000 cancers de la thyroïde liés à l’accident.
Conflit d'intérêts contre intérêt général?
D’autres scientifiques – et notamment une soixantaine de médecins russes, biélorusses et ukrainiens qui ont travaillé avec Greenpeace – alertent au contraire sur les effets de la contamination radioactive qui continue de sévir. Ils ont compté 200 000 décès dans les quinze ans qui ont suivi la catastrophe, dont la moitié due aux cancers, et s’attendent à un demi-million de malades supplémentaires.
Ces chercheurs reprochent aux experts optimistes de tenter de minimiser les risques, soit par excès de prudence, soit par conflit d’intérêts, parce que par ailleurs ils travaillent avec les états ou le secteur privé à la promotion du nucléaire, un secteur lucratif.
Le principe de précaution existe, mais il ne faut pas tomber dans l’attitude inverse : c’est-à-dire que scientifiquement, on ne peut pas affirmer qu’une pollution n’est pas nocive avant de l’avoir réellement prouvé. Or, outre les traumatismes psychologiques, de nombreuses anomalies physiologiques ont été recensées en Ukraine et en Biélorussie suite à la catastrophe.
Les enfants, premières victimes
Les enfants nés après l’accident ont été les premières victimes, atteints de malformations visibles. Des aberrations chromosomiques ont même touché des foetus en Allemagne. Les leucémies et cancers de la thyroïde enregistrés chez les moins de 15 ans se comptaient par milliers dès 1990 en Ukraine. Le sang, les seins, les poumons sont des organes particulièrement touchés.
Des expériences récentes menées sur des rats à qui l’on avait fait boire de l’eau de Tchernobyl montrent que les rongeurs présentent rapidement des anomalies biologiques.
Toute l'Europe touchée
Et enfin sur les 600 000 liquidateurs qui ont participé à l’époque au nettoyage du site, 27 000 sont morts, 50 000 sont devenus invalides, 40% souffrent de troubles gastro-intestinaux.
Conclusion du rapport publié en 2006 par Greenpeace sur l’étendue de la catastrophe : « l’accident de Tchernobyl a causé et continuera de causer une morbidité et une mortalité en quantité significative […] de la Scandinavie à […] l’Europe de l’ouest ; […jusqu’à] la Turquie […] ; et même au-delà ».