30 janvier 1933, la prise de pouvoir d'Adolf Hitler
25 janvier 2008Berlin, 30 janvier 1933. Des centaines de personnes se dirigent vers la Porte de Brandebourg, le cœur de la capitale du Reich. Les Allemands célèbrent leur nouveau chancelier, Adolf Hitler. Il vient d'être nommé par le maréchal Hindenburg, 86 ans, président de la République dite de Weimar - période entre 1919 et 1933 marquée par l'instabilité politique et le chômage de masse. La radio de l'époque décrit la foule exaltée, les nombreux bras levés au passage de celui qui deviendra bientôt le Führer, doué il faut le dire d'une éloquence peu commune. Wolfgang Benz, historien, spécialiste de la Shoah:
« Le national-socialisme était maître dans l'art de la mise en scène. Si les nazis étaient doués pour quelque chose, c'était bien dans l'organisation de manifestations de masse. Hitler était très éloquent. Il savait comment enthousiasmer les foules. »
Une éloquence qu 'Adolf Hitler met à profit dès 1919, l'année où il adhère au NSDAP, le parti national-socialiste des travailleurs allemands dont il prendra très vite la tête. En 1925, c'est la publication de « Mein Kampf » (Mon combat) dans lequel le Führer expose déjà l'idéologie du régime nazi. Un régime totalitaire qui prône le culte du chef et le respect de la doctrine du parti par l'usage systématique de la violence. Pour Hitler, les Allemands sont de race aryenne, supérieure à toutes les autres : un concept porteur alors que l'Allemagne vient de perdre la Première Guerre mondiale et que le Traité de Versailles, qui a mis fin aux hostilités, ampute le Reich de 15% de son territoire. Le désir de revanche face au "Diktat de Versailles" devient l'un des thèmes majeurs du discours hitlérien. Wolfgang Benz:
« Le 30 janvier 33, la foule n'a pas acclamé l'antisémite Hitler, mais bien plus celui qui allait diriger un nouveau gouvernement national. Les Allemands étaient avides de changement. Il s'agissait pour eux de se libérer du carcan du Traité de Versailles, de faire oublier la honte allemande. Il s'agissait de retrouver une certaine grandeur nationale et de se détacher des querelles entre partis démocratiques. Les Allemands ont acclamé Hitler, parce qu'ils voulaient un gouvernement fort, dirigé par une figure charismatique. Ils en avaient assez des beaux parleurs, ils voulaient des résultats tangibles. »
Il faut dire que la République de Weimar ne convainc ni politiquement (les gouvernements se succèdent, la gauche n'arrive pas à s'unir) ni économiquement, le chômage touche des millions de personnes. Le Traité de Versailles a contraint le Reich à payer des réparations.
Pour asseoir son pouvoir, Adolf Hitler brandit la menace du communisme. La révolution spartakiste de 1919 a certes été réprimée. Mais le KPD, le parti communiste allemand, remporte de nombreux succès électoraux, notamment à la fin de l'année 1932. Peu avant la nomination d'Adolf Hitler au poste de chancelier, les nazis semblent sur le déclin, comme le rappelle Heinrich August Winkler, historien:
« A ce moment-là, on constate un très net recul du NSDAP. Deux millions de voix en moins par rapport au mois de juillet. Et parallèlement : 600 000 voix en plus pour le parti communiste, c'est-à-dire une centaine de mandats au Reichstag. Les communistes criaient déjà victoire : « au prochaines élections, on va dépasser les sociaux-démocrates ! ». La peur d'une révolution communiste, la peur d'une guerre civile, c'est cela qui a le plus aidé Hitler dans sa conquête du pouvoir. »
..Et l'aide également très poussée des barons de l'industrie allemande qui incitent le maréchal Hindenburg à porter Hitler au pouvoir. S'en suit un régime de terreur qui contrôle tous les aspects de la vie des citoyens - soutenu par une police secrète d'Etat à la puissance phénoménale, la Gestapo, et des milices privées, les SA, puis les SS qui se transforment en armée de terreur. Un régime responsable de la mort de six millions de juifs, et d'une guerre qui causera la mort de 50 millions de personnes.