528 millions de dollars d'aide humanitaire pour la RDC
13 avril 2018Selon l'Onu et l'Union européenne, la République démocratique du Congo vit une crise majeure. Les organisateurs de la conférence de Genève espéraient entre 1,7 et 2,2 milliards pour assister 13 millions de Congolais.
"La réunion de Genève a pu mobiliser plus d'un demi-milliard de dollars, c'est beaucoup d'argent", se félicite Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'Onu (OCHA).
Selon lui, l'objectif était, certes, de mobiliser des fonds, mais surtout de "mettre en exergue la crise en République démocratique du Congo, qui est une crise oubliée dans le contexte de toutes les crises actuelles dans le monde".
Kinshasa dénonce des chiffres exagérés
La conférence des donateurs a été beaucoup critiquée à Kinshasa, grand absent de la conférence de Genève.
Il accuse les organisations humanitaires d’avoir publié des faux rapports sur l’indice sécuritaire de la RDC et sur le nombre de déplacés. Pour André Alain Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle, l’humanitaire ne signifie pas l’humiliation.
"Ils ont présenté la situation sécuritaire du Congo comme similaire à celle de la Syrie. Ils ont gonflé les chiffres des déplacés qui n’atteignent pas un million, ils l’ont placé à quatre, six millions. Je ne sais pour quelle raison", déplore le porte-parole de la majorité présidentielle. Kinshasa estime le nombre de déplacés à un peu plus de 230.000.
Pourtant le nombre de 4,5 millions de déplacés internes avait été accepté sans souci par le gouvernement de la RDC lors de sa présentation dans le plan de réponse humanitaire pour 2018, lancé en janvier avec le premier ministre Bruno Tshibala.
"Le programme humanitaire a été lancé avec le gouvernement", rappelle également Jens Laerke.
Le gouvernement congolais a annoncé un plan de 100 millions de dollars pour la réinsertion des déplacés internes, dont dix millions auraient déjà été décaissés. "Autant que je sache, ces 100 millions de dollars vont aider des déplacés à rentrer au Congo. C'est une preuve que le gouvernement au Congo est d'accord avec nous sur le fait qu'il y a un problème humanitaire", estime le porte-parole de l'OCHA.
L'aide n'arrive pas au Kasaï
Même si le gouvernement de Joseph Kabila récuse cette conférence des donateurs, il ne fait pourtant rien pour la prise en charge des nombreux déplacés, soutient Jasmine Katshunga, avocate et militante des droits de l’homme dans la province du Kasaï central.
"La réticence de notre gouvernement fait encore réfléchir, on se demande pourquoi. Parce que le besoin est vraiment patent sur le terrain. Les aides sont lacunaires et le gouvernement n’est pas à même de répondre, ce serait-ce qu'à 1% de ces besoins humanitaires", affirme l'avocate.
"S’il y a des bonnes volontés qui se présentent, pourquoi ne pas sauter sur l’occasion pour donner la chance à ces nécessiteux-là?", s'interroge-t-elle.
Les besoins sont nombreux et urgents pour les déplacés qui ont tout perdu. C’est pour cela que Jasmine Katshunga insiste sur la destination effective des fonds collectés à Genève. "Il y a des dons qui sont faits, mais avec le circuit que ça prend avant d'arriver aux victimes, le don devient insignifiant."
L'objet du courroux de Kinshasa tient en grande partie au fait que le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a déclaré en octobre 2017 le plus haut niveau d’urgence, L3, au Kasaï, au Tanganyika et au Sud-Kivu, trois régions de la RDC. Une classification qui était jusqu’alors réservée au Yémen ou à la Syrie.