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95 bougies pour un héros

Marie-Ange Pioerron19 juillet 2013

L'Afrique à travers la presse allemande commence par la célébration d'un anniversaire. Nelson Mandela a eu 95 ans le 18 juillet. Les journaux rendent hommage à l'icône sud-africaine.

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Des vœux pour Mandela devant la clinique où il est hospitaliséImage : Reuters

Sans doute est-ce le seul anniversaire, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, érigé par les Nations unies en jour de fête : le "Mandela Day", la journée Mandela. Un Mandela qui a de multiples facettes, poursuit le journal. Ce fut un combattant pour les droits de l'Homme et la dignité humaine. Dans la clandestinité, en prison et comme président du Congrès national africain, l'ANC, il a prêché la réconciliation en Afrique du Sud.

C'est un homme qui, malgré toute sa détermination, sait écouter. Il a un merveilleux sens de l'humour, mais peut aussi riposter de façon glaciale s'il se sent floué. Par dessus tout, souligne le journal, c'est un homme d'État qui, par son aura, a facilité aux Sud-Africains blancs le passage à une société dans laquelle ils ne dominent plus, et qui a su appeller les jeunes noirs radicaux à la raison.

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Une carte géante signée à l'issue d'un match de football entre Manchester City et Supersport UnitedImage : Reuters

L'hebdomadaire Die Zeit rappelle que le père de la nation arc-en-ciel est hospitalisé depuis plusieurs semaines avec une infection pulmonaire. Et, note le journal, parce qu'il est toujours très difficile, dans la société sud-africaine, de se confronter au legs et aux conséquences de décennies de ségrégation raciale, les informations sur la dégradation de la santé de Mandela ont réveillé de vieilles peurs.

Beaucoup de Sud-Africains se demandent ce qui arrivera lorsque le combattant, sans doute le plus important, contre la violence raciste dans le pays ne sera plus parmi eux. Même après son retrait de la vie politique active en 1999, Mandela a toujours été la plus haute autorité morale du pays.

La Berliner Zeitung relève que l'idée du Mandela Day adoptée il y a trois ans par les Nations unies est loin de s'être imposée au niveau mondial. Mais les choses commencent à changer aux États-Unis. Dix-sept villes américaines avaient annoncé des activités.

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Le président Nelson Mandela en 1994 au Congrès américainImage : picture-alliance/Ron Sachs/CNP/AdMedia

Et puis le journal cite le journaliste sud-africain Allister Sparks, pour qui la situation actuelle en Égypte illustre à quel point Mandela a été une bénédiction pour tous les groupes de population en Afrique du Sud. Si Mohamed Morsi, a déclaré Allister Sparks, avait, comme Mandela, donné la priorité à l'intéret général et non à sa clientèle politique, la crise aurait été épargnée à l'Égypte.

Mais poursuit le journal, l'esprit de Mandela a abandonné précisément certains élements de l'ANC. Nombreux sont ceux qui estiment que la grandeur d'âme et la volonté de réconciliation ont cédé la place à la mesquinerie et à l'appât du gain.

L'armée congolaise dans toute sa brutalité

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Combattants du M23 en mars 203Image : Isaac KasamaniAFP/Getty Images

La République démocratique du Congo revient cette semaine dans les colonnes de la presse allemande, et une fois de plus c'est parce que l'est du pays est le théâtre de combats qui font fuir la population. Comme le relève la Süddeutsche Zeitung, de violents combats ont de nouveau éclaté à une proximité inquiétante de Goma entre l'armée congolaise et les rebelles du M23.

Ce sont les affrontement les plus sérieux dans la région depuis que le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé fin mars l'envoi d'une brigade d'intervention forte de 3.000 hommes. Elle est dotée d'un mandat sans pareil qui lui permet d'intervenir de manière offensive contre les rebelles. Elle devrait aussi pouvoir utiliser des drones de reconnaissance. Mais souligne le journal, la Monusco, la mission de l'ONU déjà présente sur le terrain, a aussi pour mandat "de faire tout le nécessaire" pour protéger la population civile. L'important n'est pas le texte du mandat, mais son application.

Une journaliste de die tageszeitung a assisté à une macabre conférence de presse organisée près de Goma par l'armée congolaise. Un porte-parole de l'armée, le colonel Olivier Hamuli, présente à la presse ses trophées : ses soldats font tomber d'un camion des cadavres de rebelles tués. Le colonel affirme que ce sont des Ougandais et des Rwandais. Il en veut pour preuve les papiers trouvés sur eux, mais ne peut montrer ces papiers d'identité.

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Casques bleus en patrouille sur la route Goma-Saké,Image : picture-alliance/dpa

Il présente aussi des prisonniers de guerre. Un rebelle grièvement blessé est allongé sur une civiére, relate la consœur de la tageszeitung. Ses jambes sont recouvertes de bandages, il a une perfusion dans le bras. Le porte-parole de l'armée le contraint à raconter son histoire aux journalistes. Il se tord de douleur et bredouille quelques phrases sans intérêt. Il ne fait aucun doute, lit-on en conclusion, que l'armée veut pleinement savourer son actuel succès contre le M23, y compris en violant la convention de Genève (sur le traitement des prisonniers de guerre).

Mali : un optimisme prématuré

Mali Wahlvorbereitung für die Präsidentschaftswahlen
Issaga Kampo, 1er vice-président de la commission électorale (CENI)Image : DW/K.Gänsler

Enfin à l'approche de l'élection présidentielle au Mali, la presse s'interroge sur les conditions dans lesquelles le scrutin va se dérouler. Pour la Süddeutsche Zeitung, les propos tenus par le président francais le 14 juillet, jour de la fête nationale, sont peut-être prématurés. François Hollande a affirmé que les forces françaises et africaines ont remporté au Mali une victoire contre le terrorisme.

Cette déclaration, note le journal, intervient à moins de deux semaines de l'élection présidentielle. Or, bon nombre d'observateurs redoutent que l'échéance électorale du 28 juillet ne marque le début d'une nouvelle crise, d'autant que les blessures laissées par le conflit sont loin d'être guéries.

La situation à Kidal, ancien fief de la rébellion touarègue, reste tendue poursuit le journal. Les manifestations y sont presque quotidiennes. Des pneus y sont brûlés, des pierres jetées sur les soldats de l'ONU. Les soldats maliens n'osent pas s'aventurer dans la rue. Sans compter, souligne le journal, que sur l'ensemble du territoire la participation électorale s'annonce dramatiquement faible.