A Agadez, habitants et migrants ont du mal à s'entendre
9 janvier 2020Depuis deux ans, ils sont des milliers de demandeurs d'asiles bloqués à Agadez, dans l'attente de l'obtention de leur statut de réfugié. Ils se plaignent de leurs conditions de vie et de séjour dans la ville.
"Cette population ne nous aime pas"
"Cette ville, nous en avons assez !" explique plusieurs femmes au micro de notre correspondante sur place. "On ne dort pas la nuit, cette fraîcheur nous empêche de dormir. On se couvre avec nos pagnes, cela fait 40 jours. C'est un destin nous le savons, mais nous voulons qu'on nous ramène dans nos pays. Nous en avons vraiment marre ! On nous a abandonnés dans cette fraîcheur et cette population ne nous aime pas."
Un autre demandeur d'asile interrogé raconte : "J'ai vu qu'il y a des choses qui sont mauvaises. Je suis venu il y a 4 mois. Beaucoup des choses ne vont pas. Nous, on veut notre futur, je vois beaucoup des gens qui souffrent. Y a pas d'éducation, ni de travail, ça ne marche pas pour nous."
La population d'Agadez a elle de plus en plus de mal à cohabiter avec les demandeurs d'asile.
Certains habitants disent même se sentir menacée au quotidien : "Ils sont venus nous emmerder !" dit l'un d'eux. "Tu n'as pas le droit de circuler, tu n as même pas le droit de quitter ta maison dans la journée." "Nous, franchement, on n'a pas confiance en eux" déclare un autre habitant. "Si tu sors la nuit, on t'observe toujours derrière les murs de la maison. La nuit, dès que les filles sortent, ils les pourchassent et après aussi, chaque jour, ils sautent dans les maisons.
Sensibiliser la population et accélérer les procédures
Sensibiliser la population sur la présence d'étrangers demandeurs d'asile est le principal cheval de bataille des autorités de la région d'Agadez.
"Sensibiliser la population de la commune urbaine sur l'existence de nos frères, demandeurs d'asile, qui sont parmi nous à Agadez, nous permettra d'éviter certaines mésententes qu'il y a entre la population et les demandeurs d'asile" estime son Altesse Oumarou Ibrahim Oumarou, sultan de l'Aïr. "Vous savez, si une population différente vient vivre parmi eux et que les coutumes et les cultures sont différentes, il y aura toujours des problèmes. C'est pourquoi nous lançons un appel à l'Etat du Niger et au HCR de faire tout leur possible pour ceux qui veulent avoir leur asile."
Lors de sa dernière session délocalisé à Tillabéry, la commission nationale d'éligibilité aux statuts de réfugié a étudié 198 dossiers de demandeurs d'asile soudanais d'Agadez. Au total, 162 dossiers ont eu un avis favorables de la commission, 33 un avis défavorable et 3 ont été reportés pour demande de compléments.