A quoi ressemble le quotidien de l'armée allemande au Mali ?
15 mars 2019Le capitaine Sébastian K. est l'un des 800 soldats allemands présents au Mali. L'article ne révèle pas son nom de famille, "pour des raisons de sécurité". Sebastian K. était stationné à Gao lorsqu'il a reçu l'alerte : des islamistes radicaux attaquent un camp de la Minusma à Aguelhok, dans le nord-est du Mali. C'était mi-janvier. 10 soldats avaient perdu la vie dans l'offensive.
"La Minusma est depuis longtemps la mission des Nations Unies qui accuse le plus de pertes humaines. Près de 200 casques bleus sont morts au Mali, dont deux allemands". Il a fallu à peine deux heures à Sébastian K. et ses hommes pour arriver sur place à Aguelhok, à bord d'hélicoptères de l'armée de l'air canadienne. "Un drone allemand survolait la zone" pour analyser la situation. A côté des médecins allemands, "leurs collègues chinois, qui procurent les meilleurs soins médicaux sur la base d'Aguelhok, ont réussi à sauver presque tous les blessés graves parmi les soldats tchadiens." Cette coopération fascine Sebastian K. "Chaque pays apporte ses qualités pour la réussite de la mission."
"Nous devons être très attentifs"
Reste que le Mali est aujourd'hui "l'intervention militaire allemande la plus dangereuse. Il y a le risque d'attentats, des pièges d'explosifs."
Quand le sergent major Daniel K. part en patrouille à Gao, il explique : "nous voyons toujours des gens armés qui appartiennent à différents groupes, qu'on n'arrive pas à identifier au premier regard. Voilà pourquoi nous devons être très attentifs."
Daniel K. a été en Afghanistan. Gao lui rappelle d'ailleurs Kunduz, avec "la chaleur, le sable, les cours derrière des murs en argile." Mais quelque chose ici est différent. "Les habitants saluent amicalement, certains parlent allemand et nous interpellent 'Hallo Mister Bundeswehr'. Les enfants veulent leur faire des tope-là dans les mains."
La patrouille se fait à pied. "Cela ne servirait à rien de passer qu'avec des blindés dans les rues, explique le sergent major. La population doit savoir que nous sommes là pour leur protection et qu'elle peut nous faire confiance."
Les protéger des groupes radicaux, mais pas seulement, selon le commandant du contingent allemand, qui explique que "la masse des conflits armés au Mali n'est en ce moment pas due au terrorisme islamiste radical mais le résultat de tensions et de conflits entre les groupes ethniques du pays."
"Pink Village"
La Tageszeitung dresse le portrait de Jacqueline Kasha, une militante pour les droits des homosexuels en Ouganda.
Elle n'a que 7 ans lorsque Jacqueline Kasha écrit sa première lettre d'amour à une autre camarade de classe. Elle est aussitôt renvoyée de l'école. "Les élèves ont eu l'ordre de faire des listes de ceux qu'ils soupçonnent être homosexuels dans la classe. Puis on les battait dans la cour de récréation pour les changer".
Quand, adolescente, les parents de Jacqueline l'inscrivent à l'internat, "ils expliquent à la direction de l'établissement que leur fille est malade, mais qu'on ne peut pas la guérir".
Adulte, elle s'est retrouvée en une des tabloïds, qui "faisaient leurs choux gras sur la haine contre les homosexuels" qui risquent la prison en Ouganda.
Alors Jacqueline Kasha a commencé à s'engager, à organiser des manifestations, à parcourir le monde pour raconter son histoire. Elle a créé kuchutimes.com, "qui est devenue une plateforme où se retrouve la communauté homosexuelle dans toute l'Afrique".
Aujourd'hui Jacqueline a 39 ans. Elle habite un quartier de Kampala où deux ONG qui se battent pour la communauté LGBT ont ouvert leurs locaux. Ce quartier, elle l'appelle "Pink Village".