Adieu (x)
12 février 2013Pour die Welt, Benoît XVI ne capitule pas devant l'Église catholique et ses intrigues, mais devant le poids des ans. Le Souverain Pontife, seigneur spirituel des catholiques du monde, redevient un être humain comme les autres et avoue publiquement sa faiblesse. C'est cela qui lui attire le plus de sympathies. Ce renoncement est grand, tragique... et beau.
À l'opposé du spectre politique de la presse allemande, die tageszeitung soupire d'aise : Dieu merci, titre le quotidien de Berlin. Il est bon qu'il parte, car il n'a pas été à la hauteur de sa tâche. Il a montré aussi peu d'intérêt à l'élucidation des innombrables crimes sexuels perpétrés au sein de son Église qu'à la réflexion critique sur les dérives fascistes des évêques anglais niant l'Holocauste. Vis-à-vis des femmes, des homosexuels ou du viol, il n'y avait pas plus réactionnaire que lui, ou presque, estime le journal.
L'Église catholique est restée quasi immobile pendant plus de deux cents ans, rappelle la Süddeustche Zeitung. Le Vatican a toujours rejeté la vitalité et la force d'imagination déployée entre autres dans le Tiers-Monde ou en Amérique latine. Les églises européennes sont vastes, mais désertes. Selon Saint Augustin, ou Martin Luther, selon la confession qui cite cette expression, « ecclesia semper reformandia » - l'Église a toujours besoin de réformes. Elle semble pourtant avoir oublié cet élément fondamental, car elle n'a jamais eu autant besoin de réformes que depuis la fin de ce pontificat.
Le quotidien de Munich revient également sur le dossier de Gregor Gysi, ancien avocat est-allemand, aujourd'hui figure emblématique du parti La Gauche, accusé d'avoir trahi ses clients à la Stasi, la police politique de la RDA.
Ce qui fait dire à la Frankfurter Allgemeine Zeitung : pourquoi parler ici de « chasse aux sorcières », au sujet de cette enquête ouverte par le Parquet contre Gregor Gysi au motif d'un supposé parjure. Dans cette dictature politique qu'était l'Allemagne de l'Est, tous les juristes chargé de défendre des causes difficiles étaient contraints d'entretenir des contacts avec l'appareil d'État. Tout le monde a le droit de demander la vérité sur la nature de ces contacts. Gregor Gysi a aussi le droit de s'insurger contre les accusations d'avoir été à la solde de la Stasi. Attendons le résultat de l'enquête avant de juger à l'emporte-pièce, conclut le quotidien de Francfort.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Katja Bitsch