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Economie

L'Afghanistan, un pays pauvre aux richesses convoitées

18 août 2021

Si les Occidentaux ne semblent pas vouloir coopérer avec les talibans, d'autres pays, à commencer par la Chine, lorgnent sur les énormes richesses minières

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Avec le peu d'infrastructures dont dispose l'Afghanistan, cela pourrait prendre des décennies avant que le pays puisse exploiter ses richesses
Avec le peu d'infrastructures dont dispose l'Afghanistan, cela pourrait prendre des décennies avant que le pays puisse exploiter ses richesses Image : Jawed Kargar/dpa/picture alliance

Fer, cuivre, lithium, cobalt ou encore terres rares - en 2010, des experts américains chiffraient les richesses minières de l'Afghanistan à près d'un trillion de dollars. Une somme qui aurait été, entre temps, multipliée par trois, si l'on en croit un rapport du gouvernement afghan datant de 2017 - la valeur de ces minerais ayant explosé en même temps que la croissance de la demande mondiale en énergies vertes.

Infografik Afghanistans Bodenschätze EN

Pacte avec le diable ?

Jusqu'à présent, les talibans tiraient l'essentiel de leurs revenus d'activités criminelles, notamment le trafic de drogues. Maintenant qu'ils se retrouvent à la tête du pays et de ses ressources convoitées, quelle va être leur attitude face aux puissances étrangères ? Tilman Brück, fondateur et directeur du centre pour la sécurité internationale et le développement, basé à Berlin. 

"Je pense que investisseurs étrangers et croissance économique n'intéressent pas les talibans. Ils ont un autre agenda et ils vont même savourer le fait de mettre leur pays à l'écart. L'autre volet de cette question c'est le point de vue moral pour les investisseurs occidentaux : peut-on faire des affaires avec un régime qui place le rejet des valeurs occidentales au cœur de son idéologie ?"

La Chine, grande consommatrice de minerais, semble, elle, déjà avoir la réponse à cette question. Dès le début de la semaine, elle s'est dite prête à entretenir des "relations amicales" avec les nouveaux maîtres de Kaboul. Cela dit, la deuxième puissance économique mondiale a aussi besoin de garanties sécuritaires de la part des talibans, notamment pour assurer la stabilité de son approvisionnement régional en pétrole et en gaz.

Des investissements longs et coûteux 

Le numéro 2 des talibans, Abdul Ghani Baradar avec le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi
Le numéro 2 des talibans, Abdul Ghani Baradar avec le chef de la diplomatie chinoise Wang YiImage : Li Ran/XinHua/dpa/picture alliance

Par ailleurs, la création d'un système d'extraction efficace va prendre des années et coûter très cher, estime Hans-Jakob Schindler, directeur du CEP, une organisation qui combat les idéologies extrémistes :

"Autrefois, il était impossible de faire sortir les ressources du pays sans recourir à une armée privée pour combattre les talibans. Maintenant, que cette menace est levée, il reste que les infrastructures ne sont toujours pas construites. Ils vont avoir besoin d'investissements à grande échelle dans ce domaine". 

Des investissements qui seront au cœur d'un nouveau dilemme pour les Européens et les Etats-Unis : traiter avec les talibans c'est fermer les yeux sur leurs violations des droits de l'Homme et leurs atteintes à la démocratie. Ne pas traiter avec eux, c'est laisser le terrain à Pékin et aux autres alliés traditionnels des islamistes.

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