La Cédéao est de nouveau au centre des critiques. Depuis le putsch intervenu au Niger, l’action de l’organisation dans ce pays stratégique est jugée tantôt molle, tantôt trop sévère. La nouvelle crise au Niger oblige encore l’organisation sous-régionale à agir au point de menacer son unité.
C’est en mai 1975 qu’est créée la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, par la signature du traité de Lagos. La Cédéao compte 400 millions d’habitants répartis dans 15 pays : huit francophones, cinq anglophones et deux lusophones.
La Cédéao a été créée pour promouvoir le développement économique des pays membres. Elle promeut ainsi l'autosuffisance de ses membres en facilitant la libre circulation des personnes et des biens. Mais elle travaille aussi à régler les conflits, les crises. Et c’est surtout sur ce terrain politique que son action est controversée.
La Cédéao, sous influence de la France ?
Amevi estime sur Facebook que l’organisation a tout perdu depuis qu’elle est devenue politique. Karbou est originaire de la Côte d’Ivoire. Il dénonce des décisions dictées présumément par la France. Ce sont des critiques régulièrement entendues, lues, sans que cela ne soit vérifié.
Adama écrit ainsi sur Facebook que le seul point positif de la Cédéao c’est de maintenir les Etats membres à genoux pour les intérêts de la France. Alphonse ne dit pas autre chose, pour notre abonné, c’est une organisation à la solde de l’impérialisme. Sadalamine pense que l’organisation appauvrit ainsi la sous-région au profit de l’étranger. Pour Saladina, elle permet de bien faire asseoir la colonisation. David de Douala ajoute aussi que la Cédéao ne défend que ses membres qui sont les chefs d’Etat. Clément de la Côte d’Ivoire pense que la Cédéao n’est plus crédible.
Toujours pas de monnaie unique
La Cédéao entend intensifier la coopération et les échanges dans un espace dans lequel il n’y a pas une monnaie unique. L'Eco, monnaie unique que devaient adopter ses membres en 2020, est au point mort.
Bernabe dénonce sur Facebook : roaming inexistant, pas de libre circulation de personnes ni des marchandises. La Cédéao est une coquille vide, conclut l’internaute. Mais Abdoul, écrit qu’elle a réussi à supprimer les visas entre les différents pays membres.
Chee se réjouit de la suppression des tarifs douaniers pour faciliter la circulation des biens entre Etats membres, un avantage pour les Etats enclavés comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso. L’abonné qui est satisfait de la liberté de circulation au sein de l’espace.
Sur ce volet libre circulation, Saliou du Bénin indique cependant que c’est un échec. L’auditeur pense pour commencer que la Cédéao s’est détournée de son objectif.
Dodji du Nigeria voisin lui non plus n’est pas d’accord avec la gestion faite par la Cédéao du dossier nigérien. Selon lui, le président nigérian Bola Tinubu n’est pas un exemple, d’autant que celui-ci serait contesté dans son pays. Du coup, la Cédéao, pour lui, est un échec.
Impuissante face aux putschs
Jean Jacques estime que la Cédéao avec sa mollesse est restée impuissante et pas du tout ferme devant la montée en flèche des coups d’Etat. Si elle veut se faire respecter, elle doit exhiber des muscles.
Alors, elle a sorti ses muscles après ce putsch au Niger, le 6ème dans la région depuis 2020. L’organisation a imposé des sanctions contre le Niger qui pèsent sur le quotidien des populations. Elle menace aussi d’intervenir si le président déchu Mohamed Bazoum n’est pas rétabli dans ses fonctions.
Flore ne parle pas politique, dit-elle. Mais dans le dossier nigérien, l’auditrice burkinabè critique la gestion de la crise par la Cédéao.
C’est surtout dans son volet politique que l’organisation est critiquée. La Cédéao s’implique ainsi directement dans les crises politiques dans la sous-région. Elle s’est dotée en 1993 d’un statut qui lui confère une responsabilité dans la prévention et le règlement des conflits régionaux. Dix ans après, la création d’une force de 6.500 hommes est approuvée.
Issa du Burkina Faso, estime que la Cédéao peut faire beaucoup de choses dans son pays confronté aux attaques djihadistes.
Intervention dans plusieurs crises
La Cédéao a été en première ligne lors des guerres civiles en Sierra Léone et au Libéria. En mai 2012, elle est intervenue en Guinée-Bissau après un coup d'Etat qui a renversé le Premier ministre Carlos Gomes Junior. Elle était déjà intervenue dans ce pays lors de la rébellion armée de 1998-1999. En janvier 2017, des troupes de la Cédéao sont entrées en Gambie après que le président de longue date Yahya Jammeh a refusé de quitter le pouvoir à la suite de sa défaite à l'élection présidentielle de 2016 face à Adama Barrow. Avant cela, la Cédéao est intervenue en 2003 après le déclenchement d’une rébellion en Côte d’Ivoire et dix ans après au Mali pour aider Bamako à reprendre le contrôle du Nord tombé aux mains des djihadistes.
Henri du Bénin reste toutefois très critique, il croit aussi que la Cédéao ne travaille pas pour le bien de la sous-région.
Ce commentaire de Jocelyne du Bénin : nos frères meurent en Tunisie et en Libye, le Sénégal brûle tous les jours, que fait la Cédéao, rien. Adama du Mali demande à la Cédéao de procéder à des changements. Emmanuel du Togo espère que la Cédéao va appliquer les textes qu’elle a elle-même élaborés.
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