La justice algérienne veut empêcher la fuite de capitaux
2 avril 2019L’annonce du procureur survient après l'interdiction dimanche (31.03.19) par l'aviation civile de mouvements d'avions privés sur les aéroports algériens. Elle fait suite aussi à l'arrestation d'Ali Haddad, l’ancien chef du patronat interpelé à un poste-frontière avec la Tunisie.
"Ces arrestations répondent à un souci de calmer la population et gagner du temps, mais aussi un souci juridique dans la mesure où les personnes qui sont interdites de quitter le territoire sont plusieurs et ils pèsent lourdement sur l'économie algérienne.C’est un départ qui est certainement négocié entre ces proches et l’état-major de l’armée avec des garanties réciproques. Il va de la stabilité mais aussi de la réussite de la transition", explique Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe. Celui-ci estime que "ces mesures sont avant tout prises pour apaiser la colère de l'opinion publique."
Le régime Bouteflika est aux abois
Même si le communiqué du parquet n’a fourni aucun nom des personnes suspectée, Benjamin Stora, professeur d’'histoire du Maghreb contemporain, ne se fait pas d'illusions.
"Ça me parait assez évident. Des millions de personnes et des millions de personnes, c’est considérable. Toutes les villes d’Algérie, toutes les classes sociales. À partir de là, effectivement, le régime actuellement en place est forcément placé sur la défensive. Tant que Bouteflika reste au pouvoir, toutes les hypothèses politiques sont possibles. S’il démissionne, à ce moment-là, les cartes seront rebattues."
Depuis le début des manifestations contre le maintien au pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika, un climat de suspicion règne au sein du système. Avec pour conséquence les tentatives de fuite du pays des pontes du régime qui veulent se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites en cas de départ du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika.