Berlin en quête d'une politique chinoise appropriée
11 novembre 2022Mercredi (9.11.2022), le gouvernement allemand a finalement décidé de bloquer l'achat de deux usines convoitées par la Chine et relevant du secteur des semi-conducteurs, ces composants qui se retrouvent dans de nombreux produits électroniques du quotidien tels que les téléphones portables, les ordinateurs ou encore les voitures.
Un secteur considéré comme stratégique par Berlin où la grande coalition au pouvoir s'efforce de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, son premier partenaire commercial.
Un exercice d'équilibriste que nous explique ci-dessous Nils Schmid, député et porte-parole pour les questions de politique étrangère du groupe parlementaire du parti social-démocrate au Bundestag, la Chambre basse du Parlement allemand.
Retranscription de l'interview
Nils Schmid : On considère la Chine comme rival systémique, comme concurrent économique et technologique, mais aussi comme partenaire. Et dans ce cadre là, on s'est rendu compte qu'il faut mieux protéger les industries en pointe contre des investisseurs qui essaient de profiter de l'innovation dans les entreprises allemandes pour faire avancer leur industrie.
DW : Est-ce que cette nouvelle politique signifie que l'Allemagne a peut-être aussi tiré les leçons de sa trop grande dépendance vis à vis de la de la Russie, notamment en matière de gaz ?
Nils Schmid : Ça joue un certain rôle, mais la prise de conscience a commencé plus tôt. En fait, notre premier partenaire commercial, c'est l'Union européenne en tant que marché unique. C'est ça qui compte. Et il y a une perception, je dirais, détournée de l'importance du marché chinois pour l'économie allemande.
DW : Mais par exemple, dans le cas des matières premières, est ce que les voisins européens de l'Allemagne sont vraiment en mesure, par exemple, de fournir des matières premières comme le fait la Chine ?
Nils Schmid : Je pense qu'il y a trois pistes à développer. L'une porte sur la diversification de nos sources d'importations. La deuxième piste, c'est le recyclage des matériaux. Et la troisième piste, c'est de développer et d'accélérer la transition écologique.
DW : Mais, quitte à négocier avec des pays africains, des pays comme la République démocratique du Congo, où la situation, par exemple, des droits de l'homme et aussi difficile ?
Nils Schmid : Oui, c'est vrai, mais le Congo n'a pas d'ambition globale et ne menace pas ses voisins de manière aussi directe que cela se fait dans les environs de la Chine. Il y aura des compromis difficiles à trouver, mais je pense que le potentiel de l'Afrique est largement sous-estimé en Allemagne.