Six mois de guerre en Ukraine vus depuis l'Allemagne
24 août 2022L'Ukraine se battra "jusqu'au bout" sans "aucune concession ni compromis" avec la Russie : c'est le message lancé aujourd'hui par le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours à la nation. Ce 24 août 2022, jour de l'indépendance de l’Ukraine, marque aussi les six mois de l'invasion russe. Une invasion qui a un impact bien au-delà des frontières ukrainiennes. En Allemagne, cette guerre a déclenché d'important changements.
Un revirement rapide… c'est ainsi que le gouvernement allemand a réagi à la guerre en Ukraine. Les autorités du pays n'ont pas hésité à briser des tabous de longue date en initiant une série de réformes.
Sur le plan sécuritaire, le chancelier Olaf Scholz s'est engagé à compenser des décennies de sous-investissement dans l'armée avec un fonds spécial de 100 milliards d'euros pour la Bundeswehr et a déclaré que l'Allemagne atteindrait enfin l'objectif de financement de l'Otan de 2% du PIB.
Des armes, encore plus d'armes
Berlin a également promis des armes à l'Ukraine, annulant ainsi une interdiction de longue date de livrer des armes dans les zones de conflit. Une promesse renouvelée à la veille de l'indépendance de l'Ukraine.
"Nous continuerons à livrer des armes, des obusiers de chars, des systèmes dedéfense anti-aériens, mois après mois. Nous continuerons à entraîner les soldats ukrainiens dans l'équipement militaire européen le plus moderne. Nous poursuivrons nos sanctions, nous soutiendrons l'Ukraine financièrement et aiderons à reconstruire les villes et les villages détruits", a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz.
Le gouvernement allemand entend ainsi livrer à l'Ukraine pour 500 millions d'euros d'armements supplémentaire, mais une partie ne sera remise qu'en 2023. Parmi les livraisons figureront trois systèmes de défense antiaérienne Iris-T, des chars de dépannage, des lance-roquettes, ainsi que des munitions et appareils anti-drones.
Un changement de ton frappant, même si le processus de livraison est plutôt lent et inégal, en particulier en ce qui concerne les armes lourdes comme les chars.
La politique énergétique boulversée
L'Allemagne, qui est dépendante du gaz et du pétrole russes pour chauffer les maisons et alimenter les usines, a décidé de bloquer le projet de gazoduc Nord Stream 2. Au début de la guerre, 55 % des importations de gaz de l'Allemagne provenaient de Russie. Berlin travaille contre la montre pour mettre fin à cette dépendance d'ici 2024.
L'Allemagne a soutenu une interdiction du charbon russe à l'échelle de l'Union européenne, et bien qu'ayant été critiquée pour avoir traîné les pieds sur un embargo européen sur le pétrole, Berlin a finalement franchi le pas.
Mais l'Allemagne reste vulnérable à l'utilisation de l'énergie comme arme par Vladimir Poutine. L'hiver à venir pourrait être froid et difficile pour les Allemands exposés à une réduction des livraisons de gaz. Le pays comme d'autres en Europe est en quête d'autres sources d'approvisionnement.
Actuellement le soutien public au gouvernement allemand est en baisse – seulement 36 % sont satisfaits de son travail. Mais une majorité d'Allemands croient toujours qu'il est juste de livrer des armes à l'Ukraine et de soutenir les sanctions contre la Russie. La question est de savoir si ce soutien tiendra.
"Bienvenue" aux réfugiés ukrainiens
Sur le plan humanitaire, à l'instar d'autres pays en Europe, l'Allemagne n'a pas hésité à ouvrir ses frontières aux réfugiés ukrainiens.
Même si les autorités ont assuré que des dispositions ont été prises pour les accueillir, certains centres restent confrontés à des difficultés. Les places manquent.
"Nous avons actuellement environ 25.000 personnes hébergées dans nos centres d'accueil à travers Berlin, aussi bien des Ukrainiens que des demandeurs d'asile du monde entier, et il ne nous reste que quelques centaines de places. Nous atteindrons bientôt la capacité maximale de nos centres d'accueil. C'est pourquoi il est si urgent de remédier à ce problème avec tous les moyens dont nous disposons, afin de trouver de nouveaux hébergements pour cet automne et cet hiver. Nous aurions besoin de 3.000 places d'hébergement " explique Sascha Langenbach, porte-parole de l'Office des réfugiés de Berlin.
Sur place, en Ukraine, la guerre continue et rien ne semble indiquer pour le moment que la fin des hostilités est pour bientôt. Aussi bien Moscou que Kiev ne veulent rien céder en dépit des tentatives de médiation. L'Allemagne, pour sa part, se dit prête à demeurer au côté de l'Ukraine.