En Allemagne, la politique n'est pas encore transparente
8 septembre 2022En Allemagne,un député du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, est considéré comme quelqu'un qui gagne très bien sa vie par rapport à la moyenne. Mais c'est aussi une fonction représentative qui est de plus en plus scrutée par la société civile, notamment par "abgeordnetenwatch", une organisation fondée à Hambourg, en 2004.
Cet observatoire indépendant de la vie parlementaire tente à la fois de retisser un lien de confiance entre les citoyens et la classe politique tout en menant des investigations sur différents sujets touchant à la transparence.
Entretien avec Léa Briand, porte-parle d'abgeordnetenwatch
Léa Briand : Le Bundestag, c'est là où les députés gagnent le plus. Actuellement, autour de 10 000 € par mois. Donc c'est beaucoup. C'est un très bon salaire par rapport au niveau de vie en Allemagne ...
DW : Et c'est un salaire brut ?
Léa Briand : C'est un salaire brut mais ils payent, un petit peu comme les fonctionnaires, différemment en fait que les autres, pour les impôts. À côté, il y a aussi d'autres contreparties et indemnités pour payer le personnel et tous les frais qui doivent être couverts par le bureau d'un parlementaire.
DW : Qu'est-ce que doivent publier les députés et qu'est-ce qu'ils peuvent garder pour eux ?
Léa Briand : De ces environ 10 000 € que les députés du Parlement ont, on ne sait pas ce qu'ils en font. Par contre, à côté, les députés en Allemagne ont le droit de continuer à garder un emploi ou d'être payés pour des activités en parallèle. Et c'est là où, il y a ou il y avait énormément de manque de transparence. Cela a été changé à la suite de scandales, la loi est devenue plus stricte, mais le Parlement allemand est déjà élu depuis septembre 2021, donc depuis presque un an et comme le Parlement n'arrive pas à se mettre d'accord dans son fonctionnement technique de comment ces informations doivent être présentées au public, on ne sait en fait pas encore ce que gagnent les députés à côté [de leur mandat].
DW : Quelles sont les conséquences juridiques qui peuvent menacer les députés ?
Léa Briand : On ne sait que très peu ce qui se passe quand les règles sont enfreintes en fait. L'administration parlementaire n'est pas très efficace non plus à contrôler tout ça ...
DW : Est-ce que ça ne pose pas problème, que ce soit cette administration qui contrôle ça ?
Léa Briand : C'est exactement ça. C'est à la fois les députés qui sont maîtres de décider s'ils augmentent leur salaire et ce sont eux-mêmes qui s'auto-contrôlent... et on s'imagine très bien que quand on s'auto-contrôle, en général, on est toujours un peu plus laxiste que lorsque c'est une instance indépendante comme c'est le cas dans pas mal de pays.
Le souhait d'avoir une instance indépendante, comme on le voit dans d'autres pays du monde et en particulier en Europe de l'Ouest, c'est un souhait qui, pour nous, est assez évident. Mais on voit qu'actuellement, ce n'est pas... il y a d'autres thèmes, on va dire, qui ont trait à la transparence, qui sont un peu plus dans le focus de la coalition en Allemagne actuellement.