Allemagne-Turquie : une timide détente à Berlin
28 septembre 2018Accueil avec honneurs militaires pour le président turc Recep Tayyip Erdogan ce matin au Château Bellevue par le président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Droits de l'homme au menu
Frank-Walter Steinmeier a abordé la question des prisonniers politiques détenus en Turquie, dont cinq Allemands, avant que le chef d’État turc rencontre la chancelière allemande, Angela Merkel.
À côté des nombreux sujets qui divisent les deux pays, Merkel a surtout cherché à renforcer les points communs. Elle a souligné que l’Allemagne aurait intérêt à ce que l’économie soit stable en Turquie.
"La Turquie fait un grand effort en ce qui concerne l’hébergement de plus de trois millions de réfugiés syriens. Dans ce contexte, nous avons bien sûr également parlé d’Idleb. Nous voulons une rencontre à quatre entre les présidents turc, russe, français et moi, car la situation est toujours fragile dans la région. Nous essayons que cette que cette réunion ait encore lieu en octobre", a déclaré concernant la situation en Syrie.
Idleb est le dernier grand bastion de l’opposition en Syrie. Mais les forces gouvernementales, soutenues par Moscou, préparent une offensive. Bien que la Russie et la Turquie - qui soutient les mouvements d'insurgés - s’étaient mis d'accord sur une "zone démilitarisée", la situation reste tendue.
Importance de la Turquie
Günther Seufert, sociologue à la "Fondation Sciences et Politiques" (Stiftung Wissenschaft und Politik) à Berlin, souligne l’importance de la Turquie sur la scène internationale.
"Je crois qu’il est important que le gouvernement allemand montre à Erdogan son intérêt à ce que la Turquie ne dérive pas plus – ni en ce qui concerne la politique extérieure en direction de la Russie, ni en ce qui concerne l’économie. Nous avons assez d’Etats qui s'effondrent au Proche-Orient. Nous constatons que les crises économiques n’améliorent pas les libertés démocratiques. Au contraire : souvent, nous avons une radicalisation."
Tandis que les chefs d’Etats cherchent un rapprochement, la visite du président turc continue de susciter des critiques de la part d’organisations de défense des droits de l’homme, de journalistes et d’associations kurdes.