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Alliance Mali-Burkina pour faire face au terrorisme

9 septembre 2021

Les deux pays annoncent des opérations militaires conjointes. La frontière commune est sous forte pression terroriste. Une nouvelle dynamique ? Interview

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Patrouille conjointe de Barkhane et des FAMa en 2016, au Mali (Archives - Timbamogoye, 10.03.2016)
Le Nord du Mali a été envahi par des groupes armés dès 2012Image : Getty Images/AFP/P. Guyot

Ces opérations militaires conjointes entre le Mali et le Burkina Faso sont censées démarrer dans les prochains mois. L'annonce a été faite à l'issue d'une rencontre, ce mardi (07.09.2021) à Ouagadougou, entre le ministre malien de la Défense, Sadio Camara, et le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré.

Critique sur la lenteur supposée du G5 Sahel 

Il existe déjà une collaboration entre les armées dans le cadre du G5 Sahelqui associe cinq pays de la région, certes.

Mais selon l'expert Mahamadou Diouara, sociologue et directeur du cabinet Gaaya, cette collaboration peine à se matérialiser par des actions concrètes sur le terrain. En revanche, la pression terroriste à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso oblige les deux Etats à mettre en place une action bilatérale, explique l'analyste malien dont l'interview peut être lue ou écoutée ci-dessous.

Des soldats maliens sur le site d'un attentat à Gao (Archives - Gao, 13.11.2018)
Pour faire face au terrorisme, des unités mixtes de l'armée ont été constituées dans les grandes régions du Mali comme GaoImage : AFP/Getty Images

Mahamadou Diouara : L'Etat islamique au Grand Sahara opère entre le Mali et le Burkina aujourd'hui. Et il affronte le Jnim qui relève d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. On a d'autres mouvements terroristes qui se trouvent aussi entre le Mali et le Burkina Faso exclusivement. C'est le cas de Ansarul Islam et les autres groupes dérivés. Il y a une pression forte, particulièrement dans la région de Ségou, du côté du Mali, mais qui a son versant également du côté burkinabé. Et les populations dans bien des cas sont obligées de se déplacer. Soit on les empêche de cultiver, soit on interromp leur culture en pleine saison ou on réduit l'espace sur lequel elles veulent pratiquer ces cultures. Et la grande difficulté c'est justement cette mobilité facile entre les Etats. Donc c'est important que les deux pays rentrent dans cette dynamique. 

Mahamadou Diouara : "Il y a un changement de doctrine"

DW : Ce genre d'opérations a toujours posé des problèmes par le passé parce que chaque Etat est jaloux de sa souveraineté. Est-ce que vous observez là un changement de doctrine ?

Mahamadou Diouara : Oui ! Il y a un changement de doctrine. Et d'ailleurs, cette information, elle est historique ! Parce que, du point de vue militaire, le Mali et le Burkina Faso ont connu deux guerres par le passé. Aujourd'hui, le fait de décider d'aller dans une opération conjointe entre les deux armées, c'est quelque chose d'assez important. 

DW : Avant le coup d'Etat de 2012, l'ancien président malien Amadou Toumani Touré (ATT) a souvent dit regretter le mutisme de ses homologues quand lui, il proposait que les armées des différents pays puissent être autorisées à entrer dans les terriroires voisins pour poursuivre des criminels. Cette décision n'a donc pas été prise très tôt ? Il fallu attendre plusieurs années pour que les dirigeants comprennent ?

Mahamadou Diouara : Il faut que les Etats rentrent dans l'analyse prospective, de façon sérieuse. Il faut que l'action scientifique alimente la réflexion politique pour amener à des prises de décision pertinentes. On a les moyens intellectuels de comprendre les choses, prévoir les choses, mais il faut encore qu'on accepte de faire recours à cette expertise de façon sérieuse pour que la décision politique ne soit pas toujours réactive mais plutôt proactive.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum