Alzheimer : le Cameroun n’y échappe pas
21 septembre 2020L’Alzheimer constitue un véritable problème de santé publique dans le monde. Le Cameroun compte aussi des personnes atteintes de cette maladie.
Le père de Jonas vient de commencer à tout confondre : il désigne son épouse par le nom de la voisine, se couche dans la chambre de Jonas plutôt que dans sa chambre conjugale, ne se rend plus compte de quand il urine.
Bien plus, il s'égare parfois et se retrouve dans d'autres maisons du quartier. Jonas et sa maman sont dépassés. " Papa est en train de sombrer. Il ne nous reconnaît même plus. Ça fait très mal. C’est très dur à supporter.", affirme Jonas, fils du malade.
Le père de Jonas a été conduit à l’hôpital où un neurologue a découvert qu'il souffre de la maladie d'Alzheimer : une dégénérescence accentuée des neurones.
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Perte de capacités d’informations
Elle affecte d’abord la mémoire et progressivement les fonctions cognitives. En somme, la maladie d'Alzheimer se manifeste par l’apathie, des difficultés pour accomplir les tâches quotidiennes, des problèmes de langage, une désorientation dans le temps et dans l’espace, des pertes d’objets, une altération du jugement, etc.
"Quand vous grandissez, vous stockez les informations de la vie courante dans les cellules neuronales et chaque fois que ces cellules vont mourir, vont se détruire, vous allez perdre vos capacités et ces informations. Vous allez développer des problèmes de mémoire, des problèmes cognitifs, des problèmes de comportement", explique le neurologue Salomon Mbahe.
Un cas chaque semaine d’Alzheimer à l’hôpital de Douala
La maladie d’Alzheimer peut être précoce, liée à des facteurs de risque tels que l'hypertension artérielle, le diabète, l'alcoolisme ou encore le tabagisme. Elle survient généralement après 65 ans.
Elle n'est pas héréditaire, au stade actuel de la recherche, même s’il est possible que plusieurs cas soient enregistrés dans une même famille.
Il s’agit d’un véritable problème de santé publique en raison d'une augmentation du nombre de malades. L’hôpital général de Douala enregistre au moins un nouveau cas chaque semaine, confirme le docteur Salomon Mbahe.
Le neurologue affirme que la maladie est irréversible mais peut être retardée et contrôlée :
"Il faut beaucoup lire et ça, ça stimule les cellules neuronales. Il faut traiter les facteurs de risque. Il y a des médicaments qui vont retarder l’évolution de la maladie. Mais chez nous, ces médicaments coûtent extrêmement chers."
La prise en charge de la maladie d'Alzheimer et les autres formes de démence est une situation critique au Cameroun. Les neurologues sont, en effet, en nombre insuffisant dans le pays.
Il arrive aussi que l’entourage familial ou social du patient appréhende cette maladie avec superstition : certaines personnes âgées désorientées sont ainsi assimilée à des sorciers et parfois violentées.