Ambiance lourde avant l'installation des députés béninois
15 mai 2019L'ambiance dans la ville de Porto-Novo où siège l'Assemblée nationale est très différente de celle qui prévalait à la veille de la mise en place des législatures précédentes. Aux alentours de l'hémicycle, un fort détachement de para-commandos, de militaires et de policiers est visible.
Un Parlement biaisé
Albert Gandonou, professeur à l'Université et président de l'association "Chrétiens pour la Paix" est convaincu que ce parlement ne pourra pas servir les intérêts du peuple. Son installation se fera, selon toute vraisemblance, "sous haute protection militaire et policière. Ce qui serait le signe qu'on est conscient que ce parlement n'émane pas du libre choix de nos populations. Seules les volontés du chef de l'Etat seront prises en compte et érigées en lois par un tel parlement. Il n'est pas du tout sûr que cette situation de grande frustration soit de nature à nous garantir la quiétude pour les quatre ans à venir. Il est même à craindre que le vaincu du moment, le peuple, cherche d'une manière ou d'une autre à prendre sa revanche. La force seule ne suffit jamais à rien garantir."
Médiation tardive de l'Eglise
A l'opposé des élections antérieures, les confessions religieuses se sont montrées discrètes. Pour Albert Gandonou, chrétien catholique, leur proposition de médiation est tardive et inopportune : "L'Eglise catholique aurait pu influer le cours des choses et même le changer si elle n'avait pas choisi de jouer au Ponce Pilate en refusant de prendre partie en amont, et au sapeur- pompier en aval par son appel hypocrite au calme quand le mal était fait."
Contactée, la Conférence épiscopale du Bénin a refusé de s'exprimer sur la situation politique. Désormais, tous les regards se portent vers le Parlement, en attendant la rentrée officielle des nouveaux députés élus.