Andrea Nahles échoue à ressusciter le SPD
3 juin 2019Le parti social-démocrate allemand n'est pas un cas isolé, en Europe, où les sociaux- démocrates - qui ont leur ancrage dans le mouvement syndical et une forte concentration dans le monde des ouvriers - perdent leur poids électoral. En France, par exemple, le Parti socialiste a été laminé par la République en marche, le parti du président Emmanuel Macron.
En Allemagne, la chute du SPD a commencé depuis quelques années. Selon Frank Baasner, directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg, ce n'est donc pas la faute d'Andrea Nahles si le SPD a obtenu ces résultats très bas.
"Elle a promis lorsqu'elle a pris sa fonction de ressusciter le parti. Là, elle a échoué mais elle a échoué comme beaucoup d'autres avant elle. Ce parti a connu beaucoup de présidents qui n'ont pas réussi depuis le chancelier Gerard Schröder à freiner la chute du parti. Donc, ce n'est pas la faute à Andrea Nahles."
Une opposition interne redoutable
En revanche, le départ de la cheffe du SPD est la conséquence d'une certaine opposition interne au sein du parti. Il y a aussi une érosion de voix au niveau des ouvriers et des jeunes, nous explique Frank Baasner.
"L'ouvrier normal qui travaille dans la sidérurgie, dans la vieille économie qui a un travail pénible, son nombre a diminué. Mais le SPD a aussi du mal à toucher les jeunes qui vont beaucoup plus vers les Verts qui semblent faire une politique plus moderne. Donc, je pense qu'il y a une crise plus profonde."
Pour le député social-démocrate à la chambre basse du parlement allemand, Karamba Diaby, les résultats des élections européennes interpellent le parti sur les thèmes sur lesquels le SPD doit davantage insister.
"C'est une situation qui nous cause beaucoup de soucis. Parce que qu'on voit qu'il y a parallèlement une montée du populisme de droite en Europe. Et donc pour l'avenir de l'Europe, c'est quelque chose qui nous donne beaucoup de soucis."
L'Allemagne est-elle fragilisée ?
La crise actuelle au sein du SPD peut-elle alors faire exploser le gouvernement de grande coalition qui dirige l'Allemagne et conduire le pays vers de nouvelles élections anticipées ?
Non, estiment plusieurs analystes soutenant que l'Allemagne - avec son poids politique et économique - pourrait aussi garder son influence au sein de l'Union européenne.
Ci-dessous l'intégralité de l'interview de Frank Baasner, directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg.