Les discussions ont longtemps achoppé sur une réforme de l’assurance maladie et aussi sur la réduction de l’utilisation des contrats à durée déterminée par les entreprises. Quant à la répartition des postes ministériels, Angela Merkel aurait dû lâcher du lest. Le SPD conserverait les ministères des Affaires étrangères et celui du Travail. Et le SPD arracherait aussi aux conservateurs le ministère des Finances.
DW : Bonjour Guntram B. Wolff ! Vous dirigez le think tank bruxellois, Bruegel. Quelle première analyse faites vous de l'accord politique trouvé en Allemagne en vue de la formation d'un gouvernement de grande coalition ?
Guntram B. Wolff : la première réaction, c’est que tous les trois partis qui ont formé cet accord sont entrés dans ces discussions avec une position affaiblie. Car ils ont tous pris part aux élections législatives. Ceci dit, le présent accord est un accord assez détaillé de plus de cent soixante dix sept pages. Donc ça fait quand même un document très substentiel qui couvre beaucoup de choses. Il est ouvert à l’Europe, à l’innovation et à la paix sociale en Allemagne. Donc, je crois que c’est un accord qui n’est pas mal mais qui continue, il faut le souligner, la politique de ces dernières années. Donc, je pense que c’est une continuation de ce qu’on a fait les années précédentes.
DW : justement c’est ce qu’on reprocherait aux sociaux démocrtes de vouloir faire tout ce qu’ils ont fait depuis plusieurs années, d’autant plus que le ministère des Affaires étrangères revient encore au parti SPD?
Guntram Wolff : ce qui est important de voir, c’est aussi que les sociaux démocrates ont gagné quand même le ministère des Finances, ils ont gardé le ministère du Travail et le ministère en charge de la politique étrangère. Et donc ils ont quand même une puissance politique au sein du gouvernement allemand. Ceci peut engendrer ou aboutir à des changements dans la politique européenne. Mais en même temps, le grand cadre de la politique européenne reste le même. C’est-à-dire que le parlement allemand, le Bundestag reste en charge des programmes MES et des programmes d’assitance. C'est aussi valable pour le pacte de stabilité et de croissance, cela veut dire que les règles fiscales restent les mêmes et on ne veut pas les toucher. Le gouvernement allemand veut payer un peu plus dans le budget européen, mais il n'est pas prêt à faire un saut en avant au niveau de l’intégration budgétaire pour la zone Euro.
DW : alors, même si ce n’est pas une grande victoire pour l’Europe, on peut dire quand même que sur le plan interne les négociations ont été beaucoup axées sur l’assurance maladie privée, l’assurance maladie publique, sans oublier les contrats à durée déterminée qui devraient être révus selon l'accord de gouvernement?
Guntram Wolff : c’est vrai. Dans la politique interne, il y a quelques changements. C'est par exemple le cas de la loi du travail qui va changer et qui sera plus favorable aux travailleurs. Ça c’est une chose. Et puis il y a l’idée de renforcer la croissance économique, la stratégie digitale etc. Ce qui me manque dans la politique interne, en revanche, c’est une discussion un peu plus structurée du défi qui vient de la réforme du système fiscal américain. Je veux parler de la taxation des grandes entreprises qui reste presque la même chose qu'aupavant. Je crois que c’est un grand sujet et un grand défi à relever lorsqu'on voit ce qui se passe aux Etats Unis où il y a eu beaucoup changement dans la politique de taxation des entreprises.
DW : il faudra encore que près 500.000 militants du SPD avalisent cet accord de coalition en Allemagne? Est-ce que vous craignez des rétissences à ce niveau ? Est-ce qu’on peut se retouver de nouveau dans une situation de blockage ?
Guntram Wolff : c’est impossible de le prévoir. Il est vrai que les cinq cent mille membres du parti SPD peuvent réjetter cet accord. Ce n'est pas encore clair quand exactement le vote aura lieu. On estime qu'il aura lieu dans trois senaines à peu près et on verra le moment venu. C'est tout à fait possible que les militants se prononcent contre l'accord. Mais disons que le SPD a quand même gagné trois ministères clés et peut être ce résultat positif va influencer la base en faveur de l'accord. Mais rien n'est très sûr.