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Angela Merkel exhorte l'Europe à défendre la démocratie

Georges Ibrahim Tounkara
9 novembre 2019

A l’occasion des 30 ans de la chute du Mur de Berlin, la chancelière allemande, Angela Merkel, a exhorté l'Europe à défendre ses valeurs fondamentales comme la démocratie et la liberté.

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Deutschland Berlin Gedenkfeier 30 Jahre Mauerfall Merkel
Image : Reuters/F. Bensch

"Les valeurs qui fondent l'Europe, la liberté, la démocratie, l'égalité, l'Etat de droit et la préservation des droits de l'homme ne vont de soi" et "doivent toujours être défendues", a-t-elle assuré dans la chapelle de la Réconciliation, un des lieux de mémoire de la division de la ville qui dura de 1961 au 9 novembre 1989. "A l'avenir, il convient de s'engager" pour défendre les valeurs de l'Europe, a ajouté la chancelière, alors que le modèle de démocratie libérale est de plus en plus mis en cause dans le monde, mais aussi dans une certaine mesure sur le continent même.

Certains pays d'Europe de l'Est comme la Hongrie ou la Pologne, pourtant pionniers dans la contestation de la dictature communiste dans les années 1980, se voient aujourd'hui accusés par l'Union européenne de ne pas respecter pleinement les règles de l'Etat de droit. "Le Mur de Berlin appartient à l'Histoire et nous enseigne qu'aucun mur qui exclut les gens et restreint la liberté n'est assez haut ou long qu'il ne puisse être franchi", a aussi souligné Angela Merkel, originaire elle-même de l'ancienne Allemagne de l'Est communiste, la RDA, et qui a entamé sa carrière politique dans le sillage de la chute du Mur de Berlin.

 La tentation du nationalisme

"La démocratie libérale est contestée et remise en question", a également jugé le chef de l'Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans une allocution en présence des présidents de Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie, quatre pays ayant jadis préparé le terrain à la chute du mur de Berlin.

La chute du Mur de Berlin s'était déroulée à la suite d'une révolution pacifique et les images des Allemands, exultant de joie et tombant dans les bras les uns des autres avaient fait le tour du monde. Les coups de pioche dans cet édifice de béton de plus de 150 km de long avaient marqué la fin d'un monde coupé en deux durant la Guerre froide et fait à l'époque espérer une longue ère de détente et d'unité.

Le président Steinmeier a remercié la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie pour leur contribution à la chute du mur
Le président Steinmeier a remercié la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie pour leur contribution à la chute du murImage : picture-alliance/dpa/B. von Jutrczenka

Ces espoirs se sont aujourd'hui dissipés, avec un parfum de résurgence de la Guerre froide entre Occidentaux d'une part, Russie et Chinois de l'autre. Vendredi à Berlin, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a enjoint à "prendre conscience que nous sommes dans une compétition de valeurs avec les nations non-libres", montrant du doigt tout particulièrement la Chine et la Russie.

Même entre les anciens alliés à l'Ouest, les sujets de friction se multiplient. Deux jours avant le 30ème Jubilé de la fin du mur de Berlin, le chef de l'Etat français Emmanuel Macron a jeté un pavé dans la mare diplomatique en diagnostiquant que l'Otan était "en état de mort cérébrale". Il a notamment déploré l'absence de coordination entre les Etats-Unis et les partenaires de l'Alliance atlantique et le cavalier seul de la Turquie, membre de l'organisation, intervenue récemment dans le nord de la Syrie. 

Abandonnant son habituel ton policé, Angela Merkel, depuis toujours très atlantiste, a assuré ne pas partager la vision "radicale" et le "jugement intempestif" de M. Macron.

Deutschland Bundesliga Hertha BSC Berlin v RB Leipzig
Des supporteurs ont symboliquement abattu un "Mur" de carton avant le coup d'envoi d'une rencontre de footballImage : AFP/O. Andersen

Sur le plan intérieur aussi, l'Allemagne est loin d'afficher le même optimisme qu'il y a 30 ans. La fracture politique et économique entre l'Est et l'Ouest du pays, plus riche, reste d'une brûlante actualité, en particulier avec le succès de l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) dans l'ex-RDA communiste. De nombreux citoyens de l'ancienne Allemagne ont toujours aujourd'hui le sentiment d'être traités comme des citoyens de seconde classe. 

Sur une note plus joyeuse, des supporteurs du club berlinois de football berlinois Hertha ont symboliquement abattu un "Mur" de carton dressé sur la pelouse avant le coup d'envoi d'une rencontre de championnat face à Leipzig.

 

 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle