Angela Merkel :"Je vous ai compris!"
7 décembre 2016Avec "seulement" 89,5% des voix des délégués chrétiens-démocrate, Angela Merkel n'a jamais enregistré un score aussi bas depuis qu'elle est devenue chancelière en 2005. Il y a deux ans encore, avant la crise migratoire, elle avait rassemblé près de 97% des voix…
" Les dissensions au sein de l’Alliance conservatrice CDU/ CSU renforcées par la question migratoire ont laissé des traces, estime la Frankfurter Rundschau…"Ce n'est pas un désastre mais cela montre qu'elle a perdu de la confiance et qu'elle ne l'a pas encore complètement regagnée", assure également l'éditorialiste de l'hebdomadaire Der Spiegel…"Ce résultat comparativement mauvais (...) montre que le contrat entre Angela Merkel et son parti ne se conclut plus sans réserve", diagnostique pour sa part le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung .
Selon la plupart des commentateurs donc, à l'heure où elle vise un quatrième mandat de chancelière, Angela Merkel paie le prix de sa politique migratoire, en ouvrant grand les portes de l'Allemagne en 2015 à 900.000 demandeurs d'asile, essentiellement musulmans...
Depuis, Angela Merkel a inversé la tendance et semble vouloir consolider ses soutiens à droite. Dès le début du congrès, elle a ainsi affirmé son opposition à tout nouvel afflux migratoire d'envergure…
" Ce qui est problématique pour la CDU est que de nombreux chrétiens-démocrates ne se sentent plus vraiment représentés par la présidente de leur parti, Angela Merkel, estime le quotidien Volksstimme. Ces dernières années, Angela Merkel avait fait glisser le parti trop loin vers la gauche. Depuis des mois, de nombreux membres de la CDU évoquent le risque qu’une nouvelle force politique puisse s’établir à droite, et maintenant Angela Merkel repositionne son parti plus à droite sur l'échiquier politique... Mais si le parti populiste AfD, Alternative pour l’Allemagne, aux tendances d’extrême-droite, parvient tout de même à s‘établir aussi au niveau fédéral, alors la stratégie d’Angela Merkel aura échoué.", conclut le quotidien de Magdebourg, dans l’est de l’Allemagne.
"Les militants conservateurs ont peur d'un parti qui s'est développé à la droite de la CDU, l'AfD", constate également le quotidien Süddeutsche Zeitung pour lequel le discours de Merkel est un message signifiant: "Je vous ai compris!"
Selon la plupart des observateurs, malgré une baisse de sa popularité, la chancelière n'a pas de véritable concurrent dans son parti, et personne actuellement chez les sociaux-démocrates du SPD ne semble en mesure de l'empêcher de se maintenir à la chancellerie après les législatives de 2017.