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Après al-Assad, quel avenir pour la Russie en Afrique ?

Martina Schwikowski | Reliou Koubakin
11 janvier 2025

Après la chute du dirigeant syrien, l’avenir des bases russes en Syrie est incertain. Ces bases servent d’appui aux opérations russes en Afrique.

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Le croiseur lance-missiles russe Moskva devant le port de Tartous en Syrie (17.12.2015)
La recomposition politique incertaine de la Syrie obligerait Moscou à entamer un repli stratégique vers la LibyeImage : Zhang Jiye/Xinhua/IMAGO

La Russie dispose pour l’heure de deux bases sur la côte syrienne, la base navale de Tartous créée en 1971 et la base aérienne à Hmeimim, près de Lattaquié. Ces deux points d’appui facilitent les opérations russes notamment en Afrique.   

La perte des bases militaires en Syrie serait dévastatrice pour Africa Corps, ex-Wagner présent dans le Sahel, en Centrafrique et en Libye, prédit Beverly Ochieng, spécialiste des questions de sécurité au cabinet de conseil Control Risks au Sénégal.   

"Nous avons vu le groupe Al-Qaïda au Mali célébrer les événements en Syrie et les considérer comme un moyen potentiel de saper davantage la coopération entre la Russie et le Mali. Le Burkina Faso et le Niger pourraient également devoir attendre beaucoup plus longtemps pour un déploiement supplémentaire des paramilitaires." 

Le nouveau régime syrien n’a pas encore pris de décision sur l’avenir des bases russes.

La Libye comme point d’appui ?  

Face à l’incertitude, le Soudan en pleine guerre pourrait-il être la solution ?  

En 2024, la Russie et le Soudan auraient convenu d'établir une base navale russe à Port-Soudan, permettant à la Russie d'accéder à la mer Rouge. Selon les observateurs, l'infrastructure de Port-Soudan est également en mauvais état. En plus, du point de vue logistique, le Soudan serait plus éloigné du Sahel que la Libye, qui pourrait être un point d’appui alternatif.

Le président de transition du Burkina Faso Ibrahim Traoré (à gauche) et le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion au deuxième sommet Russie-Afrique au palais de Constantine (29.07.2023)
Les dirigeants du Sahel, comme le capitaine Ibrahim Traoré, ont accru la coopération avec la Russie Image : Alexander Ryumin/dpa/Tass/picture alliance

Mais Ulf Laessing, directeur du programme Sahel à la fondation Konrad Adenauer au Mali émet des réserves. 

"Il est possible que la Russie utilise désormais une base dans l'est de la Libye sous l'autorité de Haftar pour approvisionner les bases de Wagner, mais cela coûtera beaucoup plus cher. Ils ne pourront plus faire venir du matériel par bateau, la distance de vol sera plus longue et ce sera très peu sûr."

Pour Ulf Laessing, "la Russie doit d'abord investir beaucoup dans cette base, en Syrie tout était là, l'infrastructure, les dépôts de munitions, tout doit d'abord être mis en place."

Citant des responsables libyens et américains, le quotidien américain, le Wall Street Journal évoquait le transfert de Syrie vers la Libye de radars et de systèmes de défense russes. D'après l’experte Beverly Ochieng, des pays du Sahel restent potentiellement en danger si la Russie perd ses basses en Syrie.