Après les attentats, l'Allemagne tente de résister à la peur
25 juillet 2016Avec la multiplication des actes violents, les autorités allemandes n'ont pas la tâche facile ces jours-ci. La police et la classe politique sont prises en étau entre la nécessité d'informer la population, mais aussi de protéger des minorités pointées du doigt après les événements.
Écoutez les réactions d'habitants de Bonn, dans l'ouest du pays, suite à cette vague d'attaque, en cliquant sur l'image ci-dessus.
Trois des quatre agressions ont en commun d'avoir été commises par de jeunes demandeurs d'asile, deux Syriens et un Afghan. C'est ce dernier qui a lancé la série macabre lundi dernier, en blessant à la hache plusieurs passagers d'un train près de Würzburg, au nom du groupe État islamique. L'attaque a provoqué une onde de choc dans un pays jusque-là épargné par les attentats.
Des coupables désignés d'avance
C'est dans cet état d'esprit que les Allemands ont été tenus en haleine, vendredi soir, par une fusillade près d'un centre commercial à Munich. Pendant de longues heures, les chaînes d'information et surtout les réseaux sociaux ont tourné en boucle, diffusant des informations, images et vidéos pas toujours authentiques, alimentant ainsi la psychose ambiante. Avant même que soit révélée l'identité de l'assaillant, certains "observateurs" avaient désigné les coupables, à l'instar d'un responsable régional du parti xénophobe AfD qui, sur Twitter, remerciait "Angela Merkel pour le terrorisme en Allemagne et en Europe".
Peu importe que l'assaillant ait été un jeune Germano-Iranien né en Allemagne, souffrant de problèmes psychologiques et inspiré par des tueries de masse. D'autant que moins de 48 heures plus tard, alors que le pays était toujours en train d'essayer de comprendre ce qui s'était passé à Munich, l'annonce d'une nouvelle agression a relancé l'angoisse générale: Reutlingen, une petite ville tranquille du Bade-Wurtemberg, était la cible d'une attaque à la machette, avec un mort et deux blessés.
Berlin appelle à la prudence
Cette fois, l'agresseur était un demandeur d'asile syrien. Alors quand, plus tard dans la soirée, un autre Syrien a fait exploser une bombe à clous à l'entrée d'un concert à Ansbach, auquel assistaient 2.500 personnes, le gouvernement allemand a dû adopter une position claire pour couper court aux spéculations.
Le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière a ainsi rejeté tout "soupçon généralisé" à l'encontre des réfugiés. Il a rappelé que 59 procédures pour soupçon d'appartenance à des organisations terroristes étaient actuellement en cours concernant des réfugiés en Allemagne, ce qui représente une part infime "sur les centaines de milliers de personnes nouvellement arrivées".