Au Cameroun, des arrestations après la mort de Martinez Zogo
3 février 2023Au Cameroun, deux semaines après l'enlèvement et l'assassinat du journaliste Martinez Zogo par des inconnus à Yaoundé, les premiers éléments de l'enquête mixte de la gendarmerie et la police, ordonnée par le président Paul Biya, ont permis l’arrestation de plusieurs personnes.
C’est ce qui ressort d’un communiqué rendu public jeudi soir (02.02) par Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général à la présidence.
Si l'identité de ces personnes n'a pas été révélée par le gouvernement, plusieurs noms sont néanmoins cités. Il s'agit de Maxime Eko Eko, le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) et de son directeur des opérations, Justin Danwe, qui ont été interpellés et sont auditionnés depuis quelques jours.
Rester vigilant face aux annonces
Roger Chantal Tuile, journaliste et directeur de publication du journal La Tribune de l'Est, s'indigne de ce que ces personnalités soient impliquées dans cette affaire macabre.
"Je suis peiné de me dire que ce sont des gens qui nous gouvernent, qui sont chargés de notre sécurité qui l'ont enlevé devant une gendarmerie qui appartient à la DGRE, chargée de protéger les Camerounais. De me dire que ce sont ces gens qui ont enlevé quelqu'un qui défendait la fortune publique nous laisse sans voix", se désole le journaliste.
Mais la possible interpellation la nuit dernière de Jean-Pierre Amougou Belinga, l’homme d’affaires camerounais et promoteur du groupe de média l'Anecdote, relayée par plusieurs médias, a suscité de nombreuses réactions.
Le journaliste et chercheur Jean Bosco Talla estime ainsi qu'il faut que les médias soient prudents pour ne pas tomber dans le piège de la manipulation et des règlements de compte.
"En tant que journaliste, nous devons prendre la distance critique nécessaire face au torrent de déclarations qui inondent la toile. Prenons notre mal en patience et attendons les résultats des enquêtes, à l'issue desquelles les coupables et les commanditaires doivent être sévèrement punis", estime-t-il.
Une enquête qui dérange
Avant d’être assassiné, le journaliste Martinez Zogo enquêtait sur un scandale financier qui impliquerait plusieurs personnalités camerounaises. Il disait détenir notamment des preuves qui feraient de Jean-Pierre Amougou Belinga l'un des bénéficiaires des fameuses lignes 65, 94 et 57 du budget de l’Etat camerounais.
Ces lignes représentent les dépenses de fonctionnement de l’Etat et celles des interventions en investissement de 2010 à 2021, des sommes qui s'élèvent à plusieurs milliards de francs CFA.
Alors que les auditions se poursuivent au secrétariat d'Etat à la Défense, d'autres arrestations sont annoncées dans les prochaines heures.