Au Burkina, la liberté d'action des djihadistes est suspecte
8 février 2019Les groupes armés menacent les enseignants qui ne dispensent pas de cours en arabe, ils incendient des édifices publics, exécutent les représentants de l'Etat, voire des dignitaires religieux.
Complicités au sein de l'armée
Pour de nombreux Burkinabè, les terroristes profitent sans doute de complicités internes, au sein de l’armée mais aussi des populations locales.
"Ces individus sont forcément logés quelque part. Sinon on ne peut pas comprendre comment ils se promènent comme ça. Où-est-ce qu’ils se ravitaillent ? Où-est-ce qu’ils sont nourris ? Ce sont des questions qu’il faut se poser. La responsabilité est partagée entre les forces de défense et de sécurité, la population elle-même. Il y a complicité quelque part".
Complicité peut-être mais pas celle de la hiérarchie militaire, selon au autre citoyen burkinabè.
"Avoir une complicité au sein de notre armée c’est trop dire parce que n’importe quel chef, s’il a été formé pour servir, pour défendre la nation, ne va pas accepter de sacrifier ses éléments".
Pourtant ce militaire qui nous a fait parvenir un enregistrement sonore estime qu’il existe une forme de rétention dans la transmission d’information sensible à la hiérarchie.
Avant l’attaque du détachement militaire de la Kompienbiga dans l’est, le 30 janvier, celui-ci avait appelé à plusieurs reprises ses supérieurs, mais en vain.
"Ces individus sont venus voler le véhicule 4X4 de la SOCOMA, une société cotonnière. Je les ai appelés pour les avertir (les autorités militaires, ndlr). J’ai même donné la couleur du 4x4, blanche, et l’immatriculation. J’ai même appelé le détachement, ils ont décroché, on a causé. Je leur ai donné leur position. Ces individus armés avaient dit qu’ils étaient là pour attaquer une base militaire", a raconté le militaire.
Ce poste avancé de l’armée burkinabè a été attaqué à l'arme lourde et incendié. Dans son témoignage, ce militaire a aussi précisé que les assaillants possédaient un drapeau noir avec des inscriptions en arabe.
G5 Sahel critiquée
La force militaire conjointe du G5 Sahel, chargée de protéger les populations contre les attaques, est critiquée pour son manque d'efficacité et les intérêts financiers qui gravitent autour.
"Chacun veut que nous achetions les armes chez lui. Donc il y a des intérêts économiques, des intérêts géopolitiques qui sont là. Je ne pense pas qu’avec cette force on puisse venir à bout du terrorisme. Le terrorisme en fait sert d’instrument de légitimation de la présence occidentale. Aujourd’hui, même les pays qui traditionnellement n’avaient pas de présence militaire, des pays comme la Suède, occupent de plus en plus le terrain", a estimé Abdoul Karim Saidou, analyste politique burkinabé.
L’armée burkinabè, en réaction à des attaques récentes dans le nord, aurait, selon un communiqué officiel, neutralisé 167 terroristes au cours de deux opérations récentes.