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SportJapon

Au Japon, les Ōendan tentent de survivre

Ali Farhat avec agences
11 juillet 2023

Ces "groupes d'encouragement", qui supportent sans relâche leurs équipes d'université, sont au bord de la disparition.

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Oendan in Japan
Image : YUICHI YAMAZAKI/AFP

Ils sont trempés de sueur, les paumes en sang à force d'applaudir et ont les voix enrouées : eux, ce sont les Ōendan. Un terme japonais qui signifie "groupe d'encouragement". 

Habituellement vêtus d'uniformes scolaires noirs, ces supporters se démènent pour soutenir les équipes sportives de leur lycée ou université. Leur danse martiale, ponctuée de cris d'encouragement et de battements de tambours et rythmée de mouvements rigides, offre un spectacle énergique aux côtés des fanfares et des pom-pom girls lors des rencontres sportives. 

Ōendan lors d'un match de baseball
Un Ōendan lors d'un match de baseballImage : YUICHI YAMAZAKI/AFP

Un encouragement sans faille

Pour Motomichi Tanaka, capitaine de son Ōendan à l'université de Meiji de Tokyo, c'est une discipline qui demande un engagement sans faille. Comme il l'a prouvé récemment lors d'un match de baseball, sport très populaire au Japon, où il s'est tenu debout sous une averse alors que le jeu avait été arrêté, pour donner du courage aux joueurs : 

"J'aimerais contribuer à transmettre la valeur du 'service aux autres', qui est au cœur de l'esprit du supportérisme. Notre entraînement vise à remettre en question notre zone de confort, car nous devons avoir l'endurance nécessaire pour ne jamais nous effondrer lorsque nous encourageons notre équipe au milieu de l'été", pose le jeune de 21 ans. "Nous défions constamment nos propres limites, afin d'acquérir la mentalité nécessaire pour ne jamais abandonner et croire en la victoire, même lorsque l'équipe est menée au score. Pour ce faire, nous nous poussons à l'extrême pendant l'entraînement".

Les femmes au secours de cette tradition centenaire

Mais aujourd'hui, certains craignent que cette tradition ne disparaisse, les étudiants intéressés par cette activité très physique se faisant rares. Le déclin des Ōendan s'explique également en raison des rumeurs de bizutage ainsi qu'à cause de l'image machiste de cette culture, où les groupes de supporters n'hésitent pas à se battre entre eux. 

Mais cette tradition centenaire pourrait malgré tout survivre, grâce à la présence accrue de femmes, encore impensable il y a quelques années. Pour Kazuha Nagahara, capitaine de son oendan à l'université de Tokai, un changement est nécessaire : 

"Si elle reste bloquée dans le passé, il sera difficile pour la culture de l'Ōendan de se maintenir. Avec l'arrivée des femmes, qui apportent de la fraîcheur, c'est une possibilité pour cette culture de survivre", estime la jeune femme de 22 ans.

Un Ōendan féminin
Kazuha Nagahara est l'une des rares capitaines féminines d'un ŌendanImage : YUICHI YAMAZAKI/AFP

A noter que des dizaines d'universités ont uni leurs forces l'an dernier dans une campagne pour que le ministère japonais de la Culture reconnaisse les Ōendan comme patrimoine culturel immatériel du pays, au même titre que la calligraphie ou le brassage du saké, l'alcool de référence au Japon.

 Ali Farhat, Redakteur DW Afrique
Ali Farhat Journaliste au programme francophone de la Deutsche Wellederpariser