Au Mali, Assimi Goïta a parlé sans dire l’essentiel
22 septembre 2021La question de la durée de la transition était dans tous les esprits mais le chef de la junte militaire a évité cette question qui est de loin la plus sensible.
Parmi les grands axes de la transition présentés par le président par intérim lors de son discours figurent notamment le renforcement de la sécurité sur l'ensemble du territoire mais aussi l'organisation des élections générales, sans toutefois préciser de date.
Vers la prolongation
Et sur la date des élections, Coumba Bah de la société civile estime que le discours du chef de l'Etat dirigerait le pays vers une prolongation de la durée de la transition, fixée à 18 mois.
"De mon point de vue, il y aura quand même une petite rallonge d'au moins six mois sur la transition pour nous permettre d'aller au fond sur l'organisation des élections. Compte tenu des clivages politiques qui se dessinent sur la mise en place de l'organe unique de gestion des élections. Nous constatons que des partis politiques et non des moindres se sont désolidarisés du schéma proposé par le gouvernement. Nous voyons également que la problématique des assises nationales est un souci", a déclaré Coumba.
Les autorités militaires font en effet de la tenue des assises nationales de la refondation leur priorité pour aller vers des réformes et les futures échéances électorales.
Le colonel Assimi Goïta l'a rappelé lors de son discours, sans convaincre Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti Yelema.
"Il a fait un diagnostic de l'état du pays, nous avons des textes, nous appliquons nos textes. Mais dépenser deux milliards de francs CFA pour mettre les Maliens ensemble sur des sujets dont le diagnostic est déjà connu, je pense que c'est une perte de temps. Nous devons nous concentrer sur l'essentiel. Et l'essentiel c'est de faire les réformes possibles tout en tenant nos engagements."
La question sécuritaire
Dans un langage diplomatique, le chef de l'Etat, sans jamais citer les paramilitaires russes de la société Wagner, a aussi rappelé aux partenaires internationaux, l’obligation du Mali de résoudre la crise sécuritaire qui frappe le pays depuis 2012.
Pour Kalidou Sidibé, professeur à la faculté des sciences juridiques et politiques de Bamako (FSJP), ce passage pourrait signifier la possibilité de chercher d’autres alliés.
"Est-ce que le Chef de l'Etat ouvre une fenêtre pour dire que si cela n'arrivait pas, si les Maliens continuaient à attendre le retour de la paix sans succès, il n’y aurait donc aucun empêchement à ce que l'Etat puisse chercher d'autres solutions ? "
Le colonel Assimi Goïta a par ailleurs rassuré les Maliens concernant la poursuite de la lutte contre la corruption, la délinquance financière et l'impunité. Celui-ci n’a cependant jamais abordé précisément dans son discours le respect de la durée de la transition et l'organisation des élections générales en février 2022.