Sénégal : le calvaire des personnes atteintes du cancer
4 février 2020"Quand j’ai vu le médecin, il a regardé les résultats puis a déclaré : Madame ! Je suis désolé, vous avez le cancer du sein. C’est comme si le monde m’était tombé dessus. Je ne sentais plus mes pieds, je tremblais."
Binta a les larmes (nom d'emprunt) aux yeux. A 44 ans, cette Dakaroise un peu affaiblie se bat contre le cancer du sein depuis six ans. Comme la plupart des patientes qui souffrent du même mal qu'elle, Binta n'a pas eu les moyens financiers pour se faire dépister à temps.
"Avant de découvrir que tu souffres du cancer, il y a beaucoup d’analyses qui coûtent chères. Il y a trop de frais. Tu fais le scanner qui coûte environ 90.000 francs CFA (137 euros) dans le service public et 180.000 francs CFA (274 euros) chez les privés. Ce sont toujours les malades qui paient ça. Si l’Etat pouvait prendre en charge l’intégralité de ces dépenses, ce serait mieux ! Ce serait mieux, franchement."
Les efforts de l’Etat et l’engagement des ONG insuffisants
Chaque année, le pays enregistre 1.750 nouveaux cas de cancer du sein, déclare Fatma Guénoune. La présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer affirme que la couverture maladie universelle (CMU) ne prend pas en charge le traitement du cancer et qu’il existe de nombreux obstacles à sa prévention.
"Pour le cancer du sein, tous les hôpitaux du Sénégal ne disposent pas d’appareils de mammographie. Nous avons des régions où l’appareil de mammographie ne fonctionne pas. Et quand cet appareil tombe en panne, il n’y a pas de technicien qui puisse le réparer. Ils sont obligés de faire appel à des techniciens européens qui viennent de l’étranger pour faire la maintenance, pour réparer les appareils en panne. Nous n’avons pas de registre de tumeurs fonctionnel qui permet d’enregistrer tous les malades qui viennent au niveau de tous les hôpitaux pour que nous puissions vous dire : c’est telle zone qui est la plus touchée par tel type de cancer. L’obstacle en grande partie est financier."
Le Sénégal est le seul pays de l’Afrique de l’ouest qui dispose de trois appareils de radiothérapie dans le service public et un dans le secteur privé.
Mais cela ne suffit pas pour lutter efficacement contre le cancer qui a tué en 2018, selon les chiffres de l'observatoire global du cancer (Globocan), plus de 4.000 femmes.