Au Tchad, des structures de santé privées obligées de fermer
20 novembre 2018Près d'une semaine après cette décision, le dépôt pharmaceutique « Ibni Nour », situé dans la commune du 7e arrondissement, fonctionne toujours normalement, comme si de rien n'était.
Ceci alors que le rapport de la mission d'inspection mentionne l'existence de produits périmés dans ce dépôt pharmaceutique autorisé à fonctionner depuis 2012.
Il est aussi reproché à son propriétaire, Adoum Alio Ali, infirmier de profession, de disposer de deux dépôts pharmaceutiques. Ce que dément Adoum Alio Ali. "J'ai seulement une seule structure qui est Ibni Nour", explique-t-il. "Je ne reconnais pas avoir ouvert deux dépôts pharmaceutiques. Et je ne vends pas de produits périmés dans ce dépôt pharmaceutique. Sur quelle base vont-il fermer mon dépôt? Je ne sais pas, surtout qu'il n'y a pas de produits périmés dans ce dépôt et que j'ai aussi une autorisation de fonctionner."
Les faux médicaments dans la ligne de mire
Cette décision suscite des réactions chez de nombreux usagers, à l'exemple de Lazare Ngaro. Pour lui, la lutte contre les faux médicaments ne doit pas seulement s'arrêter au niveau des structures de santé privées. "Si les arguments avancés par le ministère de la Santé publique sont fondés, il est tout à fait normal que ces structures disparaissent", affirme-t-il. "J'achète souvent des produits ici et là, et je suis sidéré. Une pharmacie qui vend des produits périmés, c'est grave. Certains hôpitaux publics se ravitaillent dans ces pharmacies donc ça suppose que même dans les hôpitaux de l'Etat il y a des faux médicaments. Tant qu'on n'arrête pas l'importation des faux médicaments, ce phénomène ne va pas s'arrêter."
Bientôt un comité de suivi des structures de santé
C'est une situation inadmissible que le gouvernement ne saurait tolérer, déclare Aziz Mahamat Saleh, le ministre tchadien de la Santé publique. "C'est la vie des gens qui est en jeu", rappelle-t-il. "Donc on ne peut pas donner de faux médicaments, permettre d'exercer à des pharmacies installées de façon illégale, sans arrêté, ou bien une pharmacie qui fait office de dépôt et fait en même temps des analyses, offre des soins. Il y a des médicaments donnés sans prescription, des cabinets sans normes. Ce qu'on va faire après, c'est mettre sur pied un comité de suivi avec les huissiers qui vont fermer tout les établissements de santé privés qui ne répondent pas aux normes requises."
Le ministère de la Santé publique entend également créer une police sanitaire, chargée de veiller au respect des normes sanitaires dans toutes les structures de santé privée au Tchad.
Après N'Djamena, l'opération va se poursuivre sur l'ensemble du territoire national.