Au Tchad, les élèves crient leur colère dans la rue
22 février 2022Après la société civile et les avocats, ce sont les élèves qui sont descendus dans les rues ce mardi (22.02.2022) à N’Djamena, la capitale, pour exprimer leur colère à la suite de la grève des enseignants qui réclament l’application d’un pacte social signé entre le gouvernement et les syndicats, en 2019.
Très tôt ce mardi, les élèves arrivés à l’école, constatent l’absence des enseignants sans aucune explication. Mécontents, ils décident alors de prendre d’assaut quelques rues pour exprimer leur colère.
Très vite, la police anti-émeute arrive sur les lieux, dispersent les manifestants à coups de matraque et de gaz lacrymogènes. Plusieurs d’entre eux sont blessés, certains arrêtés avant d’être relâchés.
"Parce que nous revendiquons les enseignants dans les salles de classes, la police nous tire dessus ? Sommes-nous dans un pays normal ? Qu’ils libèrent nos camarades sinon la manifestation va se poursuivre demain ", lance un élève.
Pour Prunelle, une autre élève, ‘’nous voulons avoir cours. L’Etat et les enseignants doivent s’arranger pour que les cours reprennent demain. Le reste ce n’est pas notre problème.’’
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Le pacte social de 2019
Mais, pour le secrétaire général adjoint du Syndicat des enseignants du Tchad, section de N’Djamena, Moise Dionadji, les enseignants ne font que revendiquer leur droit. Ils demandent l’application du pacte social signé en 2019 entre le gouvernement et les syndicats, pour le paiement des arriérés de salaires et des primes de transports.
"Nous sommes obligés de lancer cette grève d’avertissement parce que les points du pacte social signé avec le gouvernement ne sont pas appliqués. Nos camarades, les militants, ne nous laissent pas dormir. Ils se plaignent et se demandent quelle est l’importance de ce pacte social s’il n’est pas respecté ? Alors, après cette grève d’avertissement de trois jours, si rien n’est fait, nous allons envisager d’autres actions beaucoup plus importantes ‘’, avertit Moise Dionadji.
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Climat social tendu
Pour Sosthène Mbernodji, coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, ces foyers de tensions qui se généralisent, alors que le pays est soumis à une transition militaire, laissent redouter une aggravation du climat social.
"Tout cela présage un futur complètement hypothéqué. Cette phase de transition aurait pu nous éviter un certain nombre de choses mais malheureusement on tombe dans les mêmes erreurs. Si on n’y prend pas garde, nous sommes assis sur un brasier qui va se lever et ça va être dommageable. C’est trop, on a vécu 31 ans de terreur, on pensait être sorti l’auberge mais on va de mal en pis", estime Sosthène Mbernodji.
De son côté, le délégué provincial de l’éducation nationale, Mahamat Djibrine Saleh, affirme que tout est en train d’être fait pour trouver une solution aux revendications des enseignants dans un bref délai. Il appelle en outre les élèves au calme.
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