Aux armes, citoyens allemands !
16 juin 2014Joachim Gauck a remis ça, constate die tageszeitung. Quatre mois après son discours à la conférence de Munich sur la sécurité, le président fédéral réclame à nouveau plus d'engagement militaire de la part de l'Allemagne pour dit-il, "stopper les criminels et les despotes". Comme en février, il est resté vague sur le type de mission et n'a livré aucune analyse du bien-fondé d'un tel engagement. Pourtant, c'est là qu'est le vrai débat, souligne la taz : l'avancée des djihadistes en Irak est-elle une conséquence de la guerre contre Saddam Hussein ou de la non-intervention internationale en Syrie ? Ou les deux ? La mission en Afghanistan était-elle inévitable ? Et dans le cas contraire, à quoi servent des interventions si l'occident n'est pas capable de les mener jusqu'à une stabilisation durable d'un pays ? Quand des vies sont en jeu, on ne peut pas se permettre de bavardage, souligne le journal.
Pour la Süddeutsche Zeitung, l'aspect "explosif" de l'interview se situe plutôt dans la vision d'une nouvelle ère que semble vouloir ouvrir le président fédéral. Selon lui, on devrait "peut-être abandonner" la "retenue jadis justifiée" vis à vis des missions militaires. Joachim Gauck ne le dit pas, mais ses propos laissent entendre qu'il faut en finir avec le traumatisme de la faute et que le "plus jamais la guerre" appartient désormais aux livres d'histoire. Pour la Süddeutsche, c'est cette bombe-là que le président va devoir désamorcer au plus vite.
Au Proche et Moyen-Orient, c'est une autre bombe qui menace. Selon Die Welt, la région brûle. L'État islamique en Irak et au Levant a actionné toutes les sirènes d'alarme dans la zone. L'Europe est trop proche pour laisser cette partie du monde s'embraser sans rien faire. La Turquie est directement concernée par les guerres dans les pays voisins et a besoin de soutien par l'intermédiaire de l'Otan. Et il va falloir inclure la Russie dans la stratégie de défense, indépendamment de ce qui se passe actuellement en Ukraine.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'inquiète justement de voir les violences en Irak occulter le foyer de crise ukrainien. L'occident va devoir, pour sa propre sécurité, s'occuper des deux conflits. Certes, la menace d'un État terroriste dirigé par des islamistes aux portes de l'Europe est plus directe et plus concrète qu'une Russie qui essaie d'étendre son influence par la violence dans l'espace post-soviétique. Et on ne peut évidemment pas mettre la Russie et l'EIIL dans le même sac. Mais selon le journal, ce serait une erreur de ne pas prendre au sérieux l'agression russe envers l'Ukraine.