"Baline Coumba Baline" la série qui fait polémique
15 avril 2021La série tournée pour le ramadan relate l’histoire d’une jeune femme aux mœurs légères présentée comme une arnaqueuse et dont le nom, Adji Sarr, rappelle bien sûr celui de la jeune femme qui accuse de viol le député Ousmane Sonko.
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Des démarches pour interdire la diffusion
Le réalisateur Badara Fall assure pourtant que la série n’a " aucun rapport " avec la jeune femme. Mais pour maître El Hadji Diouf, l’avocat d’Adji Sarr, cette série porte atteinte à l’honneur de sa cliente.
" La série vise à décrédibiliser Adji Sarr pour qu’on ne tienne pas compte de ses déclarations. Avec le mois de ramadan, comme tous les soirs, les gens sont devant leur petit écran et on va essayer d’agir sur leur conscience pour qu’ils puissent douter de l’honneur d’une jeune fille, parce qu’on l’a présenté comme une femme utilisée dans un complot contre un homme politique. Qu’on laisse la justice faire son travail " précise Maître El Hadji Diouf qui a porté plainte auprès du procureur de la République et a déposé une autre plainte auprès du Conseil national de régulation de l’audiovisuel pour réclamer l’interdiction de la diffusion de la série.
Des modifications
Une démarche auprès du CNRA entreprise également par Dafadoy, le collectif contre les violences faites aux femmes et aux enfants précise Fatou Warkha Sambe la vice-présidente de ce collectif.
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Elle indique par ailleurs que suite aux réactions sur les réseaux sociaux notamment, les producteurs " ont changé le nom de la série mais le contenu reste le même. La série porte désormais le nom de "Baline Coumba" qui veut dire en wolof fauteur de trouble." Le premier épisode de la série a été diffusé mercredi (14.04.2021) mais indique Fatou Warkha Sambe "nous avons constaté qu'ils ont enlevé beaucoup de passages où la fille s'appellait Adji Sarr. On lui a donné un autre nom. Il y a beaucoup de choses qui faisaient référence à cette histoire de viol qu'ils ont enlevées."
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Des craintes de manipulation
Alors que l'affaire est toujours devant la justice, certaines organisations militant pour le droit des femmes ont préféré rester en retrait. Selon Safietou Diop, la présidente du réseau Siggil Jigéen " rien n'était clair et nous considérons que cela peut être une manipulation d'un côté comme de l'autre de nos propres droits, de nos acquis. Que cela soit du côté du pouvoir comme celui de l'opposition, du côté de l'avocat de la victime ou du côté de celui qui est accusé."
Safietou Diop estime que quelle que soit l'issue du procès, Adji Sarr est triplement victime : du système, de la société et enfin des manœuvres politiciennes.
Adji Sarr a déjà été entendue par la justice. A la suite du décès du juge chargé de l'affaire, ce sera à son successeur de reprendre l’enquête. Il aura en charge d'entendre Ousmane Sonko et de le confronter à son accusatrice.