Berlin va livrer des armes aux Kurdes d'Irak
20 août 2014L'annonce de livraison d'armes aux Kurdes irakiens par Berlin est une décision importante car il est très rare que Berlin livre des armes à des parties en conflit. La loi allemande ne l'autorise pas. Après de longues hésitations, le gouvernement allemand a annoncé ce mercredi l'envoi d'armes aux kurdes irakiens. Dans un premier temps, il s'agira de matériel militaire non létal, à savoir des gilets pare-balles, des casques, des détecteurs d'explosifs, des générateurs et des appareils de vision nocturne. Berlin pourrait par la suite, après concertations avec ses alliés européens, envoyer du matériel un peu plus lourd notamment des missiles anti-char.
La ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, a elle justifié cette décision par «l'incroyable brutalité» des islamistes qui ont provoqué «une catastrophe humanitaire» et qui «doivent être stoppés». Son collègue des Affaires étrangères, Franck-Walter Steinmeier parle, lui, des risques de «catastrophe» pour le reste du monde si l'avancée de l'Etat islamique devait se poursuivre en Irak. Sigmar Gabriel, le vice-chancelier, résume l'état d'esprit du gouvernement allemand : « Nous faisons face à un dilemme : Il s'agit de sauver les vies humaines en leur livrant des armes pour se protéger avec le risque qu'un autre conflit éclate à très moyen terme autour de l'intégrité du territoire en Irak.»
Au sein de l'opposition, on mesure aussi la gravité de cette décision. Katrin Göring-Eckardt est la porte-parole au Bundestag du groupe des Verts, l'un des partis de l'opposition : «Le gouvernement fédéral est conscient qu'il encourt là un grand risque parce qu'il ne peut pas savoir, si ces armes contribueront finalement à résoudre la crise ou si cela va au contraire l'aggraver.»
L'opinion publique y est opposée
Selon un sondage effectué par l'institut Forsa et rendu public ce mercredi, 63% des Allemands se disent opposés à l'envoi d'armes en Irak. La décision devrait maintenant être portée devant le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand.
Berlin rejoint ainsi Paris et Londres qui ont annoncé il y a quelques jours qu'ils livreraient des armes aux combattants kurdes, une position approuvée par l'ensemble des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, lors d'une réunion d'urgence vendredi à Bruxelles.