Berlin veut faciliter l'accueil des migrants sauvés en mer
15 juillet 2019"Berlin doit prendre la main, titre la Süddeutsche Zeitung. La politique migratoire européenne a besoin d'un grand coup libérateur et vu l'état des choses, ce coup ne peut pas venir d'une Union européenne paralysée, mais seulement de Berlin."
L'annonce du chef de la diplomatie allemande est un "bon signe" selon le journal. Mais c'est bien un plan collectif que préconise la SZ. L'Allemagne ne doit pas faire cavalière seule en étant l'unique pays à accueillir les naufragés. "Ce ne serait pas raisonnable sur un plan de politique étrangère mais aussi intérieure."
Le quotidien ajoute qu'il faut revoir la politique européenne vis-à-vis de la Libye, dont l'objectif actuel est de bloquer les traversées de la Méditerranée, que ce soit en concluant des deals avec les milices ou en renforçant la surveillance des côtes. Sauf que tout le monde sait que les migrants "sont exploités ou enfermés et abusés dans des centres de détention". C'est "le sommet du cynisme" alors qu'il faut "pousser vers la fermeture des centres et soutenir honnêtement la reconstruction du pays".
L'appel de Carola Rackete
"Ceux qui sont en Libye doivent être immédiatement évacués vers un pays sûr", prône dans une interview la capitaine du Sea Watch, Carola Rackete, qui qui est devenue le visage du débat sur le sauvetage des migrants en Méditerranée depuis qu'elle a forcé le passage d'un port bloqué en Italie. Après le Spiegel, Carola Rackete fait ce lundi la Une de la Bild-Zeitung, le puissant tabloïd allemand.
Pour die tageszeitung, c'est "la brutalité du laisser-faire". Le quotidien ironise sur "la coopération européenne qui fonctionne. L'Italie ferme ses ports pour bloquer les bateaux de migrants, la France livre des missiles au maître de guerre Haftar en Libye, et l'Allemagne fournit la dose de nécessaire d'indignation morale, avec laquelle on peut tenir debout sans colonne vertébrale."
La taz aussi insiste sur la pierre angulaire du problème qu'est la Libye. Si l'éditorialiste condamne le triomphalisme sans lendemain des Européens après la chute de Kadhafi, "la Libye est aussi l'échec de l'Afrique. Personne n'empêche les Etats africains de faire eux-même quelque chose pour les migrants échoués sur la côte méditerranéenne et de s'occuper à leur manière de leurs compatriotes en exil."
Des militaires allemands défilent à Paris
Un autre sujet qui fait parler ce lundi est la présence de militaires allemands sur les Champs Elysées ce dimanche. Ils ont marché à côté de soldats français lors du traditionnel défilé du 14-juillet, pour symboliser ce qu'Emmanuel Macron a appelé "l'agir ensemble". Des soldats et des drapeaux allemands sur les Champs Elysées, des avions de chasse allemands qui suivent la patrouille de France, voilà qui "ne dérange personne en France depuis bien longtemps", constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
"Il était remarquable de voir qu'il n'y a pas eu de débats notables. Il y a encore 25 ans, lorsque les soldats allemands étaient invités pour la première fois au défilé du 14-juillet, cela s'était accompagné d'une grande vague d'émotion." La FAZ raconte comment l'ancien président français Giscard d'Estaing avait à l'époque eu les larmes aux yeux, lui qui avait entendu pendant la seconde guerre mondiale les bruits des bottes et les chants nazis à Paris.