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Bilan mitigé en Sierra Leone, 20 ans après la guerre civile

Claudia Anthony | Fréjus Quenum
18 janvier 2022

Il y a 20 ans, se terminait en Sierra Leone une des guerres civiles les plus sanglantes d'Afrique. Mais le pays reste miné par le tribalisme et la corruption.

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Des petits commerçants à Makeni, une ville du nord-est de la Sierra Leone (Archives - Makeni, 12.03.2011)
Après la sanglante guerre civile, la Sierra Leone a entamé sa reconstruction dès 2002Image : Tom Schulze/picture-alliance

Il y a 20 ans, prenait fin en Sierra Leone une des guerres civiles les plus sanglantes d'Afrique. Le conflit a duré 11 ans et s'est soldé par un lourd bilan : 120.000 morts, des milliers de réfugiés de par le monde, des centaines de personnes mutilées et torturées. Les infrastructures publiques et les biens privés étaient tombés en ruines à travers le pays

Plus jamais ça ?

Rugiatu Turay, une militante des droits des femmes en Sierra Leone
La Sierra Leone reste un des pays les plus pauvres au monde malgré son sous-sol riche en diamantsImage : TERRE DES FEMMES

Une Commission Vérité et Réconciliation mise en place peu après le conflit avait identifié les causes de la guerre civile qui a ravagé la Sierra Leone entre 1991 et 2002. Cette instance avait alors recommandé, entre autres, la lutte contre l'injustice, les dicriminations tribales et la corruption.

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Vingt ans plus tard, "la Sierra Leone n'a rien tiré comme leçons. Parce que les facteurs ayant causé la guerre, la corruption, le tribalisme, la mauvaise gouvernance, l'absence de justice, la pauvreté, tous ces facteurs sont encore massivement présents parmi nous", se désole Theophilus Gbenda, un militant de la société civile. 

"J'ai perdu des proches, notre maison familiale a été brûlée et le maire de la ville a été tué devant sa femme et ses enfants. Nous savions tous ce qui a causé la guerre", se souvient-il.

La menace d'une rechute

La Commission Vérité et Réconciliation a été conduite par Francis Ben Kaifala, un témoin oculaire des attrocités qui a fui ensuite vers la Guinée. Celui-ci confirme que les causes de la guerre refont insidieusement surface.

"Je peux dire que beaucoup est fait pour changer notre situation, mais encore une fois, beaucoup de choses qui ont provoqué la guerre reviennent lentement. Par exemple, le tribalisme, le régionalisme ont pris le pas sur la politique du pays. En outre, les institutions doivent être plus fortes, comme la police, le pouvoir judiciaire, le système judiciaire. Malheureusement, il y a beaucoup à faire pour amener ces institutions dans l'état où nous voudrions qu'elles soient", prévient ce témoin de la tragédie sierra-léonaise.

Theophilus Gbenda : "La Sierra Leone n'a rien tiré comme leçons"

L'espoir d'un avenir meilleur

Malgré tout, des citoyens sierra-léonais continuent de nourrir l'espoir d'un avenir meilleur. "Nous avons parcouru un long chemin depuis lors. Nous avons pu avoir des élections pacifiques. Au fil des ans, des efforts ont été faits pour reconstruire le pays et les institutions pour promouvoir la bonne gouvernance", se réjouit Fatmatta Kamara, journaliste sierra-léonaise. 

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"Une nouveauté : ce sont les conseils locaux installés à travers tout le pays. Des efforts sont également déployés pour reconstruire le secteur de l'éducation", renchérit celle qui fut attachée à la présidence durant les pourparlers de paix en Guinée et au Togo. 

Pour mener autant de réformes, la Sierra Leone a sans doute besoin de financements. Malgré un sous-sol riche en diamants, l'ancienne colonie britannique et ses 7,5 millions d'habitants restent économiquement fragilisés par la chute des cours des matières premières et une succession de crises sanitaires.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum