Birmanie : le LND d'Aung San Suu Kyi revendique la victoire
9 novembre 2020Malgré l'accélération de la pandémie de coronavirus dans un pays au système de santé défaillant (plus de 60.000 cas et près de 1.500 décès), des millions d'électeurs se sont rendus dimanche dans les bureaux de vote, pour ce qui constituait les deuxièmes élections générales depuis la dissolution de la junte en 2011. Une junte militaire qui a tenu le pays pendant plus de 50 ans.
Les résultats définitifs ne seront pas connus avant plusieurs jours, mais selon Myo Nyunt, le porte-parole de la LND (Ligue nationale pour la Démocratie), le parti au pouvoir prévoit "de battre [son] record de 390 sièges obtenus en 2015". En effet, la LND avait obtenu une large majorité lors des précédentes élections, mais avait dû partager son pouvoir avec l'armée, qui contrôle trois ministères-clés, à savoir l'Intérieur, la Défense et les Frontières.
L'élection annulée dans plusieurs régions
Si ces élections confirment à quel point Aung San Suu Kyi est très appréciée en Birmanie, notamment chez les Bamars, l'ethnie bouddhiste majoritaire (quelque 70% de la population), elle est loin de faire l'unanimité. Plusieurs organisations des droits humains ont remis en cause la légitimité du scrutin de dimanche : dans plusieurs régions où des partis ethniques auraient eu de bonnes chances de l'emporter, l'élection a été annulée pour des "raisons de sécurité". Par ailleurs, les 600.000 Rohingyas restés dans le pays n'ont eux non plus pas pu se rendre aux urnes, puisque la nationalité birmane leur est toujours refusée.
Aung San Suu Kyi pourrait être reconduite comme conseillère spéciale
La passivité d'Aung San Suu Kyi face à la crise des Rohingyas, qui ont fui par centaines de milliers au Bangladesh, lui a valu de nombreuses critiques à l'international, c'est le cas actuellement avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, Prix Nobel de la paix en 2019 et qui vient de lancer une opération militaire contre la région du Tigré.
Une fois investis, les parlementaires procèderont à l'élection du président birman. La Constitution empêche Aung San Suu Kyi de prétendre à cette fonction car elle a été mariée à un étranger. Elle pourrait toutefois être nommée "conseillère spéciale de l'Etat" une nouvelle fois, un poste qui avait été créé pour elle et qui lui permet de diriger de facto le pays.