Boko Haram ou le goût de l'horreur
16 janvier 2015La Süddeutsche Zeitung est convaincue par les éléments de preuves publiés cette semaine par l'ONG Amnesty International. Des images satellitaires montrent les régions concernées avant et après l'offensive de Boko Haram dans le Nord du Nigeria. La ville de Baga, par exemple, a quasiment disparu de la carte en quatre jours d'atrocités. Non seulement les images d'Amnesty sont pour la Süddeutsche Zeitung des pièces à conviction, elles sont précieuses car l'information est plutôt rare comme c'est souvent le cas après les opérations de Boko Haram. Les seules sources d'informations étant les récits de survivants, si survivants il y a.
Presqu'aucun journaliste n'a le courage de se rendre sur les lieux où les terroristes répandent leur stupidité. Au début, une source locale parlait de 2000 morts, un chiffre qui n'a pu être confirmé. Amnesty international évoque plusieurs centaines de gens tués.
L'indifférence de l'élite nigériane
Après cinq jours de mutisme, le gouvernement nigérian a estimé que le nombre de morts dans cette attaque ne dépassait pas 150, comme si ce chiffre n'était pas déjà élevé. Cela montre d'après la Süddeutsche, à quel point l'élite nigériane se moque du drame que vit le Nord de ce pays depuis 2009.
Le quotidien Die Welt relate un fait caractéristique de l'atrocité de ce groupe Boko Haram.
C'est l'histoire d'une femme qui a été tuée durant son accouchement. Les tueurs sont arrivés au moment où le bébé était déjà à moitié venu au monde. Ils ont ouvert le feu sur la femme, morte dans cette position d'accouchement. Pour Die Welt, l'attaque de Boko Haram contre Baga et 15 autres localités du Nord du Nigeria n'est pas un hasard. Le 14 février, il y a vote et le bon déroulement d'une élection est le symbole, pour chaque nation, d'une démocratie stable. Le Nigeria en est loin. Plus d'un million de personnes ne pourront pas exprimer leur suffrage. La crédibilité de cette élection est d'ores et déjà compromise, écrit Die Welt.
Chiffres à l'appui, La Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte de la brutalité de l'attaque de Baga.
Des chiffres issus eux aussi des éléments de preuve de l'ONG Amnesty International. Uniquement à Baga 600 maisons ont été détruites. C'est 11% des habitations de cette ville commerciale au bord du Lac Tchad. Plus grave, à deux kilomètres et demi, ce sont plus de trois mille maisons qui sont parties en fumée à Doro Gowon. D'après la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c'est le lourd tribut que paie cette localité pour avoir abrité le quartier général d'une force conjointe des Etats riverains du Lac Tchad, une force créée en 1998 pour lutter contre la criminalité dans la sous région.
Terrorisme au nom du Seigneur
Mais en lisant un autre article de la FAZ, on voit que le terrorisme en Afrique n'est pas une exclusivité des islamistes radicaux. La Süddeutsche Zeitung, publie un article sur Dominic Ongwen, un haut responsable de la LRA qui s'est rendu.
Dominic Ongwen est un des commandants de l'Armée de Résistance du Seigneur fondée par le sanguinaire Joseph Kony. Dominic Ongwen capturé en Centrafrique s'est rendu aux troupes américaines et devrait répondre devant la Cour Pénale Internationale à La Haye. L'arrestation de l'homme de 34 ans est une petite victoire, aussi pour la CPI qui s'en fait une bonne santé après avoir annoncé l'abandon de plusieurs grands dossiers. Cette arrestation montre selon la Süddeutsche, jusqu'à quel point la LRA s'est affaiblie.
Des nouvelles heureuses d'Afrique
Enfin, le journal neues Deutchland rapporte une interview accordée au journal par deux experts de la Croix Rouge allemande qui reviennent du Liberia et de la Sierra Leone, deux pays touchés par le virus Ebola.
Et les nouvelles sont relativement bonnes. Au Liberia, le taux d'infection a considérablement baissé. Entre le 4 et le 11 janvier 2015, il n'y a eu que 8 nouveaux cas d'infection recensés. C'est le meilleur de ce que l'on peut souhaiter, estiment les experts Till Ermold et Andreas Fabricius. En Sierra Leone par contre la situation est encore précaire avec 184 nouvelles infections signalées entre le 7 et le 11 janvier. Cela dit, on est loin des prévisions de l'OMS. En octobre et novembre, l'OMS avait annoncé qu'il y aurait ce mois de janvier jusqu'à un million de nouveaux cas d'infection. Cela n'est pas le cas et c'est merveilleux. Preuve de l'amélioration de la situation, le centre de traitement d'Ebola que la Croix Rouge allemande a installé au Liberia peut maintenant s'occuper de patients qui n'avaient pas encore eu accès aux soins et même lutter contre d'autres maladies telle que le paludisme.