Boko Haram sévit au nord du Cameroun
7 août 2014Selon divers sources, le groupe islamiste nigérian enrôlerait dans les localités frontalières camerounaises depuis plusieurs mois déjà de jeunes gens pour les entraîner dans le but de mener des attaques. Pour le moment, on ne dispose pas de chiffres précis sur leur nombre, mais ils seraient âgés de 15 à 19 ans. Certains facteurs favoriseraient la propagation de l'idéologie de Boko Haram chez les jeunes dans l'extrême-nord camerounais majoritairement musulman, d'après Yves Mandjem, il est professeur à l'IRIC, l'Institut des relations internationales au Cameroun.
«On peut faire le lien avec la pauvreté des jeunes et avec l'instrumentalisation de la religion, des fibres ancestrales et tribales. Boko Haram est aujourd'hui en position de force. Dans les terrains d'entraînement, il ne s'agit pas de personnes qui vivent sur le territoire camerounais et qui produisent de la violence au Cameroun, il s'agit de personnes isolées qui sont parfois recrutées et qui peuvent constituer des menaces.»
Actuellement la situation dans l'extrême-nord du Cameroun est très tendue avec les attaques répétées des membres présumés de Boko Haram. La réorganisation du dispositif militaire dans la région avec un renforcement des mesures de sécurité le long de la frontière avec le Nigeria, ne semble pas pour le moment suffire pour ramener la sécurité, selon Yves Mandjem.
«L'approche telle qu'elle est menée aujourd'hui ne peut pas réussir, si on n'implique pas les peuples qui vivent aux frontières dans la lutte contre Boko Haram. Boko Haram agit au-delà des frontières, cela est un facteur qui peut nourrir notamment des réseaux qui échappent au contrôle de tout le dispositif qui a été mis en place. Aujourd'hui il y a un volet important sur lequel ont doit insister, le volet de l'offensive qui ne peut réussir que par le renseignement et la coopération internationale.»
Le mois dernier, un haut responsable de l'armée a été limogé par le président Paul Biya suite à la mort d'au moins une dizaine de personnes dans une attaque attribuée à Boko Haram. La femme du vice-Premier ministre avait par ailleurs été enlevée.