Moscou diffuse de fausses informations sur la bombe sale
29 octobre 2022Selon Vladimir Poutine, Kiev veut utiliser une "bombe sale" pour ensuite accuser la Russie d’avoir mené une attaque nucléaire. A la demande de l’Ukraine, qui veut mettre fin à ces allégations, l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’AIEA, a accepté de mener des inspections sur deux sites ukrainiens.
La DW a voulu vérifier les déclarations de Moscou et du ministère russe des Affaires étrangères qui assure que "les travaux sont dans leur phase finale" en relayant de prétendues preuves sur Twitter.
Le résultat de ce fact-check est sans appel : les images montrées par le ministère russe des Affaires étrangères sont tout simplement mensongères.
Des photos prises en Russie
Ainsi, la photo qui montrerait une salle de contrôle du "Kharkov Institute of Physics and Technology", est en réalité un cliché pris à Gatchina, près de Saint-Pétersbourg, en Russie.
Cette même photo est d’ailleurs utilisée sur le site web de l'agence russe de l'énergie atomique Rosatom pour illustrer une inauguration, en février 2021 par Vladimir Poutine, d’un site de recherche en Russie.
Venons-en maintenant à la pièce à conviction centrale : une image également relayée par les autorités russes sur Twitter et sur laquelle on voit des sacs en plastique portant l’inscription "Radioaktivno”, donc radioactive.
Selon le ministère, elle est censée montrer le "développement d'une bombe sale" utilisant les substances radioactives "uranium-235" et "plutonium-239".
Ecran de fumée
Là encore, non seulement "radioactif" s’écrit différemment en ukrainien mais surtout, une recherche inversée sur internet, qui consiste à remonter la piste pour retracer la provenance de l’image, nous conduit à des photos prises en 2010 à Ljubljana, en Slovénie.
Le gouvernement slovène s’est même manifesté et a expliqué qu’il s’agissait d’une image de l'agence slovène des déchets nucléaires. La photo montre en réalité des sacs en plastique contenant des détecteurs de fumée qui, selon l'agence, ne contiennent aucune des substances radioactives listées par la diplomatie russe.
Enfin, une troisième image relayée sur Twitter par Moscou prétend apporter la preuve d’un "réacteur de recherche scientifique" ukrainien. Encore une fois, la recherche inversée nous ramène en Russie car c’est, en réalité, une photo de l'intérieur de la centrale nucléaire russe de Belojarsk, près d'Ekaterinbourg.