Bosco Ntaganda capitule
22 mars 2013Entre-temps il a été livré à la Cour pénale internationale. Son aventure inspire ce titre à la Frankfurter Allgemeine Zeitung "la capitulation de terminator", le surnom qu'il s'était lui-même donné. Le journal croit savoir que Ntaganda a été plus ou moins livré par un officier de l'armée rwandaise à l'ambassade américaine. A environ 40 ans, écrit la FAZ, Ntaganda est l'un des personnages les plus chatoyants dans les rébellions de cette région orientale du Congo riche en coupeurs de têtes et assassins de masse. Aprés avoir relaté les événements vécus ces dernières semaines par Bosco Ntaganda, le journal écrit que ce tutsi originaire du Masisi dans le Nord-Kivu est un produit du génocide rwandais de 1994 et de ses conséquences. En fuyant au Rwanda, note plus loin le journal, Ntaganda croyait apparemment connaître le même sort que son ancien chef Laurent Nkunda, qui coule des jours paisibles à Kigali. Le fait que les Rwandais aient livré sans état d'âme leur proconsul congolais aux Américains montre que les menaces de la communauté internationale à l'adresse du président rwandais Kagamé ne sont pas restées sans effet. Au bout du compte lui non plus n'est pas à l'abri d'une inculpation à La Haye.
Pour la première fois, note de son côté die tageszeitung, un homme sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale se rend volontairement. La carrière de Ntaganda, c'est l'histoire des rébellions au Congo, mais racontée depuis le deuxième rang. Rarement ce chef de guerre qui ne parle aucune langue européenne n'est apparu à l'extérieur. Mais son action à l'intérieur a marqué de son empreinte tous les mouvements rebelles: le RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), l'UPC (L'Union des patriotes congolais), le CNDP, (Congrès national pour la défense du peuple) et plus récemment le M23. Ntaganda n'a jamais été chef, mais se tenait juste derrière le chef et l'avait donc en main dans les moments décisifs. Ses chefs ont tous sombré. Wamba dia Wamba pour le RCD, Thomas Lubanga pour l'UPC, Laurent Nkunda pour le CNDP. Ntaganda était resté jusqu'à maintenant le dur à cuire. A La Haye il aurait beaucoup de choses à déballer sur les marchandages qui lui ont permis de survivre si longtemps.
Joachim Gauck en Ethiopie
La presse allemande se fait aussi l'écho de la visite du président allemand Joachim Gauck en Ethiopie. Il s'agissait de son premier voyage en Afrique depuis son élection, le 18 mars 2012. Le quotidien Die Welt salue le franc parler de Joachim Gauck, qui a tenu à se rendre sur la tombe de Gudina Tumsa, un pasteur protestant entré comme martyr chrétien dans l'histoire de l'Ethiopie. Il y a 34 ans, (du temps donc de Mengistu) ce défenseur des droits civiques fut arrêté, torturé et finalement assassiné. A peine arrivé en Ethiopie, souligne le journal, Gauck a abordé clairement la précarité de la situation des droits de l'homme en Ethiopie, tant publiquement que dans des entretiens confidentiels. Il a renoncé aux formules creuses diplomatiques. Se faire discret quand il est question des droits de l'homme est quelque chose d'étranger à ce président, cela le répugne même profondément.
Pour le Berliner Zeitung, Joachim Gauck aura joué plusieurs rôles pendant ce voyage en Ethiopie. Celui de l'apôtre de la liberté dont le coeur s'ouvre quand il rencontre les représentants de l'opposition, car leurs récits lui rappellent ce qu'il a vécu autrefois en Allemagne de l'est. Celui du pasteur qui prononce des paroles émouvantes sur la tombe de Gudina Tumsa, tué en 1979 par le régime communiste de l'époque. Enfin celui de l'homme d'Etat qui s'exprime à la tribune de l'Union africaine pour ne parler que d'un seul sujet: la démocratie. Et le journal d'insister sur ces propos de Joachim Gauck: il n'est pas venu en Afrique, a-t-il dit, pour y jouer les maîtres d'école européens. Mais il n'existe pas une interprétation européenne ou africaine des droits de l'homme, il n'en existe qu'une seule, universelle, qui vaut pareillement pour tous les êtres humains. Des propos que les autorités zimbabwéennes devraient méditer. Comme le relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans le contexte du référendum sur la nouvelle constitution, beaucoup de partisans du Mouvement pour le changement démocratique, le parti du premier ministre Morgan Tsvangirai, ont été arrêtés.
Mission de la Bundeswehr au Mali
Le premier anniversaire du coup d'Etat militaire au Mali passe inaperçu dans les journaux allemands. Mais il est quand même question du Mali puisque le ministre allemand de la défense, Thomas de Maiziere, s'est rendu à Bamako. Il a notamment rencontré le président par intérim Dioncounda Traoré, et comme le relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, à l'issue de cet entretien il a été indiqué que la mission européenne de formation de l'armée malienne (qui doit débuter le 2 avril) pourrait concerner la formation de 4 000 nouvelles recrues maliennes, et non pas seulement 2 500 comme prévu initialement. Thomas de Maiziere, souligne aussi le journal, a laissé entendre que la participation de la Bundeswehr à cette mission de formation comme à l'appui aérien des troupes de combat françaises et africaines pourrait durer plus longtemps que les quinze mois prévus. Il a eu raison de le préciser, estime le journal, car d'une part l'armée malienne est dans un état misérable, de l'autre la lutte contre les terroristes islamistes est aussi dans l'intérêt de l'Allemagne.