Ce que fait la Bundeswehr au Mali
16 août 2022Un vol de rotation de la Bundeswehr est prévu pour partir au Mali jeudi prochain, le 18 août. Il s'agit de remplacer 110 membres de l'armée allemande déployés dans le pays par 140 autres personnes. Ce vol a été interdit la semaine dernière par les autorités maliennes qui refusait le survol du territoire national toutefois un accord a pu être trouvé ce week-end avec Bamako. Mais l'Allemagne a suspendu provisoirement les activités de ses soldats au Mali… l'occasion de nous rappeler quelle est la nature de l'engagement allemand sur le terrain.
La sécurité des soldat.e.s avant tout
Avec un millier de soldats de la Bundeswehr présents au Mali, l'Allemagne fait partie des pays les plus importants contributeurs de la Minusma.
La vice-porte-parole du gouvernement allemand, Christiane Hoffmann, a fait savoir qu'en dépit des tensions avec la junte militaire et de la suspension des activités de la Bundeswehr au Mali, l'Allemagne "reste prête à participer aux opérations des Nations unies au Mali", si les conditions sont réunies. "La protection et la sécurité de nos soldates et nos soldats sont la priorité absolue", a-t-elle ajouté... surtout après le retrait de la mission française Barkhane.
En attendant la reprise de ses activités normales, les soldats de la Bundeswehr se limitent à assurer la sécurité autour des camps militaires de la Minusma. Leurs vols de reconnaissance sont suspendus.
La mission de la Bundeswehr en détail
Présents depuis 2013 au sein de la Minusma, les soldats allemands se cantonnaient au début à des vols de ravitaillement, au transport aérien pour les besoins de la Minusma et à la mise à disposition d'officiers de liaison.
A partir de 2016, leurs activités se sont élargies à des missions de reconnaissance, avec des drones parfois armés ou des blindés. La Bundeswehr est aussi présente par du personnel de sécurité et du personnel sanitaire. Elle a notamment en charge la sécurisation des opérations de sauvetage, le transport de troupes et de matériel.
Les soldats allemands font aussi du conseil et travaillent à la protection des civils.
En vertu de son derniermandat actuel, qui court jusqu'à fin mai 2023, l'armée allemande peut envoyer jusqu'à 1400 soldats sur le terrain. La plupart sont stationnés au camp Castor de Gao, les autres au QG de la mission ou au point de soutien logistique, à Bamako. Elle dispose aussi d'une base aérienne à Niamey qui règle la logistique de l'EUTM, la mission européenne de formation au Mali, et de la Minusma.
Pas d'évacuation du personnel malien prévue
Pour ce qui est du personnel malien qui coopère avec la Bundeswehr, environ une soixantaine de personnes qui travaillent par exemple comme traducteurs, aucune évacuation n'est prévue car sa sécurité n'est pas menacée au Mali, de l'avis des autorités allemandes, contrairement à celle des Afghans qui ont prêté main forte à la Bundeswehr en Afghanistan. Les deux situations ne sont « absolument pas » comparables, selon le gouvernement allemand.
Pour rappel, les objectifs premiers de la Minusma sont de stabiliser le Mali en soutenant la restauration de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire, de protéger la population civile, de veiller à la mise en œuvre et au respect des accords de paix de 2015 et d'aider à la reconstitution des forces de sécurité.
Le mandat de la Bundeswehr au Mali est la plus grande et considérée comme la plus dangereuse de l'armée allemande à l'étranger.
Des soldats russes signalés à Gao
L’hebdomadaire allemand Der Spiegel affirme être en possession d’un document adressé par la Bundeswehr à la commission des Affaires étrangères du Bundestag.
Les sources de la DW à Bamako le confirment : ce courrier atteste de la présence de soldats russes à l’aéroport de Gao, quelques heures seulement après le retrait des derniers éléments de la mission française Barkhane. Hier lundi, vers 11 heures du matin, des soldats allemands et britanniques ont signalé la présence de "20 à 30 personnes en uniforme militaire" russe à l’aéroport qui ont été identifiées avec une "quasi-certitude" comme des membres des forces de sécurité russes.
Ces hommes aidaient au chargement et déchargement de deux avions de combats similaires à ceux récemment livrés au Mali par la Russie qui étaient sur le tarmac et dans un hangar de l’aéroport – des appareils de type L-39 Albatros. Ces engins sophistiqués ne seraient pas manœuvrables par les forces de sécurité maliennes.
Par ailleurs, les djihadistes du GSIM, affilié à al-Qaida, ont revendiqué une attaque qui a coûté la vie à quatre paramilitaires russes du groupe Wagner. Les islamistes leur auraient tendu une embuscade, samedi dernier, dans la région de Bandiagara, dans le centre du pays, alors que les Russes se déplaçaient à moto. La Russie présente ces hommes du groupe Wagner comme des "formateurs", l’Occident les considère comme des mercenaires.