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Les habitants de Nadiagou soulagés mais prudents

Richard Tiéné
17 janvier 2022

Le village situé à la frontière avec le Bénin et le Togo, n’est plus sous le contrôle de terroristes. Mais ses habitants hésitent à rentrer.

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Un habitant de Nadiagou, réfugié près de Ouagadougou
Un habitant de Nadiagou, réfugié près de OuagadougouImage : Richard Tiéné/DW

Ali Bernard, c’est le nom d’emprunt d’un des habitants de Nadiagou. Il s'est réfugié à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso et malgré la bonne nouvelle, il émet des réserves quant à un retour définitif

"J’ai quitté le village alors que l’armée s’y est installée. Mes parents m’ont, par la suite, fait savoir que l’armée menait une opération intéressante. Pour le moment, nous sommes fiers du bon travail de l’armée. Je ne suis pas prêt d'y retourner parce qu’il s’agit de la seule localité reprise par l’armée. Nous ne pouvons pas mener des activités aux alentours du village. Nous aurions aimé apprendre que la province a été libérée." 

Les autorités discrètes sur leur stratégie

Écoutez le reportage de Richard Tiéné

C’est sur les réseaux sociaux que de nombreux Burkinabè ont appris que l’armée a repris le contrôle de Nadiagou. Une dizaine de présumés terroristes auraient été neutralisés durant cette opération. Aucun communiqué officiel n’évoque le sujet.

Un silence sur la stratégie des autorités militaires que l’analyste politique Apollinaire Kyelem de Tambela trouve pertinent : 

"Moi, je voudrais inviter nos autorités à ne pas, chaque fois, déclarer ce qu’elles vont faire; à ne pas chaque fois déclarer les armes acquises; à ne pas chaque fois déclarer les stratégies qu’elles vont mener. À peine elles le font que les djihadistes l’apprennent. Moi je suis presque persuadé qu’ils ont des informateurs au sein de notre système d’État. Nous sommes dans une phase ou il faut des résultats. Ce ne sont plus les longs discours et c’est ce qui compte."

Coopération entre les pays concernés

Pour l’analyste Mahamadou Sawadogo, un ancien gendarme burkinabé et spécialiste de l'extrémisme dans le Sahel, il faut faire tomber la barrière des frontières qu’il y a entre les pays sahéliens pour permettre au gouvernement et à l'armée d’intervenir convenablement face aux terroristes. 

À Nadiagou, selon des sources locales, la présence des forces de sécurité et de défense fait renaître de l’espoir au sein des populations qui souhaitent qu’elles y restent longtemps.