Burkina Faso : quel bilan pour Roch Marc Christian Kaboré ?
10 juillet 2020L’élection en 2015 de Roch Marc Christian Kaboré avait suscité de grands espoirs de développement et de changement au Burkina Faso.
Alors qu’il doit être de nouveau investi par son parti pour la présidentielle du 22 novembre prochain, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) semble uni derrière son chef.
Il faut dire que le président sortant a, à son actif, des réalisations positives comme l’audit des diplômes des agents de l’Etat et le processus de modernisation de l’Administration fiscale. Ou encore la mise en œuvre de la gratuité des soins pour les femmes et enfants de moins de 5 ans, la construction de lycées scientifiques et l’amélioration de la desserte en eau potable, de même que le renforcement des infrastructures routières par le bitumage des voies et la construction de nouvelles routes.
Des chantiers inachevés
Mais pour certains, comme Moussa Diallo de la confédération générale du travail du Burkina, si des réalisations ont été faites, le bilan est plutôt mitigé en ce qui concerne le respect des libertés mais également la sécurité et l'éducation :
"Nous avons noté une remise en cause des libertés démocratiques et syndicales notamment par l’adoption d’un nouveau code pénal criminalisant l’insurrection populaire. Il y a eu aussi une remise en cause du droit de grève. Les mesures annoncées pour faire retourner les enseignants dans les zones d’insécurité, rien de tout cela n’a été fait. Au contraire, il y a eu plus d’école fermées par rapport à la volonté affichée à l’époque et la situation actuelle.".
Une situation sécuritaire toujours instable
La réouverture des écoles est une promesse qui peine à se concrétiser car dans certaines zones elle est conditionnée par la mise en place d’un dispositif sécuritaire.
Avec les attaques terroristes à répétition, la question sécuritaire reste un des points sensibles de la gouvernance Kaboré. C'est ce que relève Zinaba Rasmane, l'un des responsables du "balaie citoyen" :
"Sur les aspects comme la sécurité, on a une gouvernance qui reste non seulement timide mais molle. Aujourd'hui on peut dire que sur 274. 200 km2 il y a des territoires qui ne sont plus la propriété du Burkina Faso car occupé par les groupes terroristes. La réponse au terrorisme a été une réponse non seulement molle mais une réponse qui arrive en retard."
A noter que les attaques djihadistes, parfois entremêlées à des conflits intercommunautaires au Burkina, ont fait selon plusieurs organisations au moins 1.000 morts depuis 2015. L'insécurité a par ailleurs poussée près d'un million de personnes à fuir leurs foyers.