Burkina : réactions aux propos de Kaboré sur l'ancien RSP
25 février 2019Les propos du président burkinabè sur le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) divisent. Dans l'interview exclusive qu'il a accordée à la DW la semaine dernière, Roch Marc Christian Kaboré a qualifié le RSP de "tigre en papier". Celui-ci était en fonction à l'époque de l'ancien président Blaise Compaoré et dissout en 2016. Depuis, ces militaires ont pour certains intégré l'armée régulière, aujourd'hui aux prises avec des forces terroristes.
"Le RSP c'était pour la défense du pouvoir de Blaise Compaoré et non pour la défense du peuple burkinabè", a affirmé M. Kaboré. Répondant à une question de la DW sur l'absence du Régiment de Sécurité Présidentielle dans l'actuel contexte d'insécurité marqué par des attaques terroristes, le chef de l'Etat burkinabè n'a pas ménagé la garde présidentielle de son prédécesseur Blaise Compaoré désormais exilé en Côte d'Ivoire après la révolution de 2014 qui l'a chassé du pouvoir.
Les propos de l'actuel homme fort de Ouagadougou ne doivent pas choquer, tempère Guy Hervé Kam du Balai Citoyen, une organisation de la société civile burkinabè :
"Que ce soit pendant le long règne de Blaise Compaoré ou durant la transition démocratique, ce que M. Kaboré vient d'officialiser n'est même pas une confirmation dans la mesure où on savait déjà que le RSP n'était même pas une armée, à plus forte raison une armée d'élite. C'était tout simplement une milice et ça on le savait."
Le moral des troupes mis à mal
Le directeur de rédaction du quotidien Le pays au Burkina Faso ne partage pas cet avis. Boundi Ouiba craint que les propos de Roch Marc Kaboré contribuent à démotiver l'armée.
"Notre armée a plus que jamais besoin d'union et une telle sortie ne fait que raviver le sentiment de rejet dont se disent victimes certains éléments du RSP au sein de l'armée. De mon point de vue, en tant que Chef suprême des armées, le président devrait plutôt tenir un discours conciliant au moment où certains éléments du RSP sont sur le front et qu'ils se donnent corps et âme pour que la sécurité de notre pays soit préservée."
Contacté par la DW, un ex-collaborateur du Président Blaise Compaoré n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.