Burundi : l'opposition rejette les résultats du référendum
19 mai 2018La coalition d'indépendants Amizero y'Abarundi (Espoir des Burundais) a annoncé samedi (19.05.18) qu'elle ne reconnaissait pas les résultats du référendum constitutionnel de jeudi au Burundi.
Ce référendum pourrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester en poste jusqu'en 2034.
Selon des résultats provisoires portant sur 17 des 18 provinces que compte le pays, le "oui" l'emporterait largement, avec des scores oscillant entre 50 et 85%.
Dans un communiqué, Agathon Rwasa, le chef d'Amizero y'Abarundi, estime que "le processus électoral n'a été ni libre, ni transparent, ni indépendant, encore moins démocratique". C'est la raison pour laquelle il rejette "les résultats fantaisistes pouvant être proclamés à l'issue de ce supposé scrutin".
Les intimidations du parti au pouvoir
Selon le communiqué publié par Amizero y'Abarundi, ses militants ont été victimes d'"intimidations et de harcèlement" de la part du CNDD-FDD, le parti au pouvoir.
Ainsi, des sympathisants de la coalition d'indépendants ont été forcés à voter "oui" par des Imbonerakure (membres de la ligue de jeunesse du CNDD-FDD), qualifiés de milice par l'ONU et qui font régner la terreur parmi la population.
Amizero y'Abarundi, qui appelait à voter "non", affirme également que quatre de ses mandataires chargés de surveiller le déroulement du scrutin ont été enlevés, que d'autres ont été chassés des bureaux, menacés ou encore emprisonnés.
Un enjeu de taille
Le CNDD-FDD a réagi à ces accusations, les qualifiant d'"exagérations", et a invité les partisans du "non" à porter plainte. Pour Agathon Rwasa, l'issue de ce référundum est de taille car la nouvelle Constitution interdit explicitement l'existence de coalition du type d'Amizero y'Abarundi.
Pour rappel, cette coalition avait été créée en vue de l'élection présidentielle de 2015. La candidature de Pierre Nkurunziza, en avril, pour un troisième mandat contesté puis sa réelection, en juillet, avaient déclenché une grave crise politique.
Elle avait été marquée par une répression brutale qui a fait au moins 1 200 morts et plus de 400 000 réfugiés.