Burundi, les Imbonerakure encore accusés d’exactions
5 septembre 2019Le rapport de la Commission créée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en 2016 décrit les circonstances dans lesquelles sont commis des meurtres, des disparitions, des arrestations et détentions arbitraires, des actes de torture, ainsi que des viols contre des civils, précisément contre les militants des partis d’opposition.
"Aujourd'hui au Burundi, il est extrêmement dangereux de s'exprimer de manière critique", déplore le président de la Commission, Doudou Diène.
Pour sa part Lucy Asuagbor, membre de la Commission "l'étouffement" des voix critiques" est ce qui permet au Burundi de présenter une illusion de calme". A ceci vient s’ajouter le tableau sombre d'un niveau de violence alimenté par une impunité généralisée.
Le pouvoir dans le viseur
Les enquêteurs de l’ONU accusent nommément les autorités et les Imbonerakure, les membres de la Ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Ceux-ci sont toujours indexés par les ONG de défense des droits de l’Homme.
"Je voudrais donc en appeler au renouvellement du mandat de cette Commission. Je rappelle que c'est le seul mécanisme international aujourd'hui qui documente la situation des violations des droits de l'Homme au Burundi. C'est enfin l'occasion d'en appeler à la communauté internationale de prendre au sérieux les recommandations de cette Commission, étant entendu que la situation pourrait s'aggraver l'année prochaine", a réagi Pacifique Nininahazwe, président du Forum pour la conscience et le développement (FOCODE).
Le 30 août dernier, la Ligue burundaise des droits de l'Homme, appelé aussi la Ligue Iteka, a publié un rapport tout aussi alarmant sur la détérioration des droits de l’Homme au Burundi :
"Le bilan de la Ligue Iteka depuis le début de cette année jusqu’à la semaine dernière est de 269 personnes tuées dont 128 cadavres retrouvés, 197 personnes torturées, 34 personnes disparues, 46 cas de violences basées sur le genre, 577 personnes arrêtées arbitrairement", explique le président de la Ligue Iteka, Anschaire Nikoyagize.
Réaction des autorités burundaises
La DW a joint Albert Shingiro, l’ambassadeur du Burundi à l’ONU et son collègue de la mission permanente de Genève, Tabu Renovat, ainsi que Martin Nivyabandi, le ministre des Droits de la personne humaine. Tous ont refusé de se prononcer.
"Nous restons imperturbables face à ces affabulations. Car notre priorité, c’est le bien-être des Burundais", a en revanche réagi Jean-Claude Karerwa Ndenzako, porte-parole du président burundais.
Les conclusions des enquêteurs de l'ONU sont basées sur plus de 1.200 témoignages de victimes, de témoins, d'auteurs présumés de violations des droits de l'Homme et d'autres sources. Le rapport sera présenté le 17 septembre devant le Conseil des droits de l'Homme à Genève en Suisse.
Au cours de cette session, les autorités burundaises auront la possibilité de répondre à toutes ces accusations.