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Au Burundi, déception sept ans après les réformes scolaires

Antéditeste Niragira
26 septembre 2024

En 2013, le gouvernement burundais a allongé l'enseignement primaire à neuf ans pour améliorer la culture générale. Onze ans plus tard, son coût élevé et ses résultats décevants suscitent des craintes.

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Une classe d'école au Burundi
La réforme scolaire probablement la plus marquante de l'histoire du pays est celle de 1973. Elle prévoyait qu’en 1989, 84 % des enfants de sept ans, l’âge légal d’enrôlement à l’école primaire, seraient inscrits. Image : picture alliance/dpa-Zentralbild/T. Schulze

La décision d’allonger la scolarisation primaire de trois ans, initialement conçue pour offrir une meilleure éducation à tous les enfants, suscite aujourd’hui des interrogations quant à sa viabilité financière. Les familles doivent en effet soutenir plus longtemps l’éducation de leurs enfants, ce qui entraîne un coût considérable, tant pour elles que pour l’État.

Adalbert Kaje, parent et enseignant dans une école fondamentale à Bujumbura, soulève des inquiétudes majeures concernant les conditions de vie actuelles. « Avec la hausse des prix des produits de première nécessité, est-ce que les enfants sont réellement prêts à suivre efficacement l’éducation ? Les parents ont-ils les moyens de financer l’éducation de leurs enfants ? Tout cela peut compromettre l’enseignement », déclare-t-il.

Une réalité préoccupante

En 2016, trois ans après l’entrée en vigueur de cette réforme, le premier concours national de neuvième année a été organisé, avec un taux de réussite d’environ 70 % parmi les candidats. Cette année, le taux de réussite semble en hausse, atteignant près de 80 %.

Cependant, cette amélioration apparente cache une réalité préoccupante : la note minimale requise a été considérablement abaissée. En 2017, il fallait obtenir 85 points sur 200 pour réussir, tandis qu’en 2024, la moyenne exigée n’est plus que de 32 sur 100.

Burundi Cibitoke Ecole Technique Bubanza
Grâce au soutien du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE), davantage d'enfants au Burundi peuvent accéder à l'éducation et continuer à apprendre.Image : DW/K. Tiassou

Parallèlement, le taux d’abandon scolaire au primaire demeure alarmant. Il a augmenté, passant de 10,4 % à 15,1 % entre 2015 et 2016, selon le Bureau de la planification et des statistiques de l'éducation. Des élèves comme Ezéchiel et Gisèle, ayant échoué à leur examen de fin de primaire, se sont résignés à des métiers précaires : l’un est devenu vélotaxi, l’autre couturière.

« Après avoir échoué au concours national, je me suis retrouvé dans l’incapacité d’exercer un autre travail. Je suis donc devenu vélotaxi parce qu’apprendre un métier me semblait impossible en raison de nos conditions de vie précaires », explique Ezéchiel. Gisèle, quant à elle, a choisi d’apprendre la couture avec le soutien de ses parents après avoir échoué à deux reprises au concours.

Des défis énormes à relever

Victor Ndabaniwe, représentant syndical, appelle à une évaluation urgente de cette réforme. Il déplore également la chute du niveau de français parmi les élèves.

« Il est impératif de rétablir le concours national de la sixième année et de mettre l’accent sur l’enseignement du français, qui est fondamental. Si un élève ne maîtrise pas le français, il lui sera difficile de comprendre le reste des matières. La suppression de la dixième année a fragilisé le système. Nous devons réintroduire cette classe et le test national qui l’accompagne pour que les élèves passent trois examens nationaux avant d’être diplômés, comme c’était le cas dans l’ancien système », insiste-t-il.

Les défis que doit relever le gouvernement pour réformer l’enseignement sont multiples : des salaires peu attractifs pour les enseignants, des équipements pédagogiques insuffisants, des classes surchargées dépassant souvent le seuil de cinquante élèves, et une prolifération d’écoles privées.

La situation actuelle interroge ainsi l’efficacité de la réforme de la scolarisation primaire, alors que l’objectif d’une éducation de qualité pour tous semble s’éloigner.